Quelques instants avec vous…

… pris par des travaux de rénovations dans notre habitat, il est vrai que j’ai délaissé ce blog…

Donc juste en passant quelques pages du livre lu en ces semaines… attention ces quelques lignes ne reflète absolument pas le thème du roman portant sur une relation que nous qualifierons de « rapprochement aléatoire » amoureux… Une écriture de champ de bataille. Des phrases ou s’imbriquent des questions prononcées oralement et le cheminement interne des cerveaux des deux protagonistes. Une gymnastique intellectuelle à démêler ce qui est dit et ce qui est pensé. Les chapitres sont court, le livre se lit très vite.

Présentation de l’œuvre :

Laure, prof d’université, est mariée, mère de deux filles et propriétaire d’un pavillon. À 40 ans, elle a parfois l’impression d’être la somme, non pas de ses désirs, mais de l’effort et du compromis. Clément, célibataire, 50 ans, s’ennuie dans la finance et dans un bureau vitré, lassé de la vue qu’il offre autant que de YouPorn. Laure envie, quand elle devrait s’en inquiéter, l’incandescence et la rage militante qui habitent sa fille aînée, Véra.

Clément n’envie personne, sinon son chien. De la vie, elle attend la surprise. Il attend qu’elle finisse. Ils vont être l’un pour l’autre un choc nécessaire. […]

Commentaire trouvé…

Le Figaro

Feu porte bien son nom. Il est quelque chose comme un combustible. On y a le cœur en flamme, le désir brûlant, la passion incandescente. On joue avec l’amour comme avec le feu. On fait des étincelles et puis, d’un coup, c’est l’incendie. Tout est calciné. En ce sens, l’auteur a écrit son texte comme un pyromane. En y jetant de l’acide, du fiel et de l’essence. Celle de son époque.

Le Monde

Une ardente passion anime Laure et Clément. Leur éducation la réprouve, mais… L’intelligence et l’humour de la romancière chauffent à blanc un thème vieux comme le monde.

Télérama

Un titre de trois lettres calcinées, posé sur une couverture blanche comme une nuit sans sommeil, avec une rougeur au centre, signe d’une ardente combustion. Feu. Le mot brûle de mille significations. La passion et le trépas. Le désir et la colère. L’éphémère et la lumière. La destruction et la survie. Petit feu, long feu, feu follet, joues en feu. À prendre dans tous les sens du terme. Comme le fait Laure, prof de fac à Cergy, une maison à Ville-d’Avray, un mari, deux enfants. Et un amant, surgi à l’improviste dans cette vie faussement lisse, comme tous les amants. Banquier quinqua, un chien nommé Papa, la conviction que « l’époque est un crachat ». Cet homme-là n’est vraiment pas son genre. Il devient son obsession. L’embrasement a lieu dans un restaurant. Laure a convoqué le golden boy célibataire pour lui proposer de participer à un colloque de sciences humaines. Les deux font affaire, puis plus, par affinité pour les liaisons dangereuses. La franchise et la dérobade jouent la carpe et le lapin dans cette union invraisemblable. Mauvais placement pour lui, mauvaise pioche pour elle, mais trop tard.

Quelques lignes…

16 novembre, 16:02, TC 37,6°, FR 19/min, FC 90/min, TA 17

  • Comment ça chien trouvé ?

Encore un qui pense qu’on est, toi et moi, le résultat d’une erreur. Trouver un chiot dans un carton gare de l’Est, sans puce électronique, sans nom ni personne, de nos jours c’est de l’ordre du trèfle à cinq feuilles. Ou du vol.

  • C’est un bouvier. Vous avez un carnet de vaccination ?

Comme si je ne t’avais pas certifié depuis le temps, avec visa et tatouage. Cinq ans qu’on voyage en règle. Bouvier bernois, race très ancienne, s’étant distinguée chez les gardiens de troupeaux dans les alpages helvétiques, y serait mieux que dans un appartement certes. Mais si on va par là, ça vaut pour tout.

Ça l’embête le jeune type, cette histoire de gare. Il aurait préféré que j’aie payé les 1 500 euros hors taxes pour t’obtenir, c’est ton cours actuel. Il n’aime pas que je t’aie eu par voie naturelle, il voulait un élevage canin dans le 78 et des documents Cerfa. Et moi, je préférais le vétérinaire d’avant. Celui qui est mort des poumons et qui préférait les chats. Qu’est-ce que tu veux y faire.

  • Trouver un bouvier bernois, même gare de l’Est, ce n’est pas normal.

Il insiste. Le mec a fait douze ans d’études pour prescrire du Xanax à des Maincoon stérilisés et il va nous apprendre ce qui est normal. J’espère que tu es prêt à rigoler en schweizerdeutsch. Et ça, dans l’étagère, les machins en forme de cœurs, c’est normal, ai-je demandé pour changer de sujet.

  • Les boîtes ?

Laissez-moi deviner. C’est pour la Saint-Valentin, j’imagine que c’est comme vous dites, normal.

Pauvres bêtes, rien ne vous sera épargné. Aux USA on vous marie, c’est normal aussi. Songe mon Papa que tu aurais pu tomber plus bas et serre les dents. Dans dix minutes on est dehors. C’est juste une visite de contrôle.

  • Ce sont des urnes pour déposer les cendres après la crémation. Les propriétaires aiment conserver quelque chose.

N’écoute pas, Papa, déshabille-toi.

Nez gorge oreilles. Il ne mange plus beaucoup docteur et lui faire voir la Seine c’est une supplique. Hier soir, j’ai dû le porter du pont des Arts à la statue d’Henri IV qu’il aime beaucoup, à cause du cheval ou du destin, on ne sait pas trop.

Bref, après cinq ans à prendre ma vie en main et les décisions importantes, gauche droite, viande, poisson, assis, debout Papa se laisse tirer. I1 se refuse, il reste en tas dans les coins. Pour vous et moi ce serait naturel, nous avons pour nous effondrer les raisons propres à notre espèce et à l’époque. Mais pour une race dotée de libre arbitre et d’instinct de survie, c’est inexplicable docteur. J’ai essayé de ne pas savoir pour nous donner de l’espoir mais ça ne suffit plus, il va falloir agir bien que je déteste ça. Peut-être cherche-t-il simplement à me dire quelque chose ?

À propos de Dieu ou d’une certaine Laure. On peut sûrement entendre un prénom au stéthoscope.

  • Ça va aller ? ai-je simplement oralisé.
  • C’est la boule là qui vous inquiète ?

On s’en fout de la boule. Papa cherche à me dire quelque chose et la question est quoi. Il s’épuise, traduisez-le-moi avant qu’il explose.

  • Mais ça va aller docteur ?

Dites le bordel. On ne laisse pas un client qui paye attendre un « ça va aller » comme ça, sans l’air conditionné.

  • Vous avez raison de vous inquiéter, elle est adhérente.

Et merde. Je m’assieds, il continue.

D’une phrase à l’autre, ta boule devient une masse, une masse dont il va prélever quelques cellules, dont il prélève d’ailleurs, joignant le geste qui sauve à la parole qui tue, sans te prévenir. Tu aurais pu dire non. Voilà, c’est fait. Il va envoyer le prélèvement au laboratoire, si ça se trouve ce n’est que de la graisse. Mais évidemment que ce n’est que.

  • Mais j’en doute.

Quand un scientifique avoue ne pas être sûr d’un résultat, c’est qu’il est certain d’un autre.

  • Je ne vous cache pas que la probabilité d’une masse tumorale est à envisager.

Voilà. Je ne peux pas m’évanouir, cette fois c’est moi qui te ramène. Je vois deux chiens et deux vétérinaires. C’est aussi que je n’avais rien mangé depuis un moment, je fais soixante-cinq kilos j’ai vérifié sur la balance à bestiaux quand tu étais sur la table.

Il suppose qu’en attendant tu peux prendre de la cortisone dans l’hypothèse où tu souffres beaucoup. Hypothèse égale certitude, si tu suis. Donc tu souffres. De quoi je m’étonne. C’est pourtant l’ambition la plus partagée au monde. Avec le pognon. C’est même la première, apparue avant le corps puisque c’est la nécessité qui crée l’outil.

Au commencement, il y avait la souffrance, et nous est venue la chair pour ne pas passer à côté. Juste après, est arrivé le pognon. Puis sont venus les ongles et les dents, pour le prendre. Et après est venu l’anglais et ça s’est arrêté.

  • À ce stade, dit-il, la cortisone se fera en injections.

Un stade signifie un niveau de gravité élevé, Papa. Tu devras toutefois te dépenser afin de ne pas enfler.

  • Les résultats vous préférez les recevoir par mail ou je vous appelle ?

C’est parti. Les options commencent, elles vont pleuvoir.

Reste dans mes bras, on va finir par voir arriver un taxi. Je ne sais pas pourquoi ils font tous cette gueule, on n’a plus le droit de porter un bouvier de soixante kilos en écharpe ? Ce que tu sens vibrer à gauche ce n’est pas encore mon coeur qui lâche, Papa, c’est mon téléphone.

C’est Laure, c’est un message.

Elle pense que sa fille se doute de quelque chose.

Désormais c’est vraiment moi qui tremble. Le doute, c’est l’antichambre de la vérité et la vérité c’est le début de la chute. Elle va confirmer, quitter l’autre, venir, vouloir. Ça ne s’arrête jamais, Papa, c’est la révolution industrielle cette fille, qui t’accompagne et qui t’écrase, je le savais. Tu sais ce qu’on va faire ? On rentre, on dort et demain matin à la première heure, on fout le camp à la campagne.

Feu – Maria Pourchet

3 réflexions sur “Quelques instants avec vous…

  1. Jeanne Glaude 10/10/2021 / 14h45

    Bonjour Michel, je te souhaite un bon Dimanche.

    • Libres jugements 12/10/2021 / 14h22

      Bonjour Jeanne

      Content de te voir reprendre une activité de Blogueuse
      En ce qui me concerne le passage aux huit dizaines n’est moralement pas un problème, il est à assumer physiquement, d’autant que j’ai entrepris des travaux importants dans notre vieille demeure … aussi peu de temps à consacrer pour le moment au blog.

      Amitiés
      Michel

  2. Jeanne Glaude 10/10/2021 / 14h47

    Bon Dimanche Michel, je reprends mes habitudes et mon blog.

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