Trump, « de nombreux doutes sur sa réélection » …

Toutefois avec le procédé électoral de désignation à la présidence des États-Unis, il y a lieu d’être très prudent sur la possibilité que « Donald » soit éjecté …

Le président sortant, donné perdant dans tous les cas de figure face à Joe Biden, vient de changer de directeur de campagne. Objectif : s’appuyer sur le suprémacisme blanc dans la course à la Maison-Blanche.

« Vous êtes viré. » Donald Trump s’était rendu célèbre, il y a une dizaine d’années, avec cette formule par laquelle il congédiait les candidats à son émission de télé-réalité The Apprentice. Mercredi, il a appliqué la même sentence à Brad Parscale : ce zélé défenseur du président n’est plus son directeur de campagne même s’il reste conseiller en charge de la stratégie numérique. À moitié viré, d’une certaine façon.

L’impétrant paie sans doute le fiasco du meeting de Tulsa (Oklahoma), le 21 juin dernier, le premier organisé par Trump depuis le déclenchement de l’épidémie de coronavirus : les images des tribunes à moitié vides avaient fait le tour du monde, sapant le récit du leader charismatique mobilisant des foules nombreuses et courageuses au point de braver le danger pour écouter ce même messie. Celui qui occupait cette fonction centrale depuis février 2018 sert sans doute aussi de « fusible », au moment où il devient évident que quelque chose cloche dans la campagne pour la réélection de Trump.

Ce dernier est distancé par le candidat démocrate, Joe Biden, d’une dizaine de points en moyenne. Ce sont les enquêtes d’opinion dans les États clés, les fameux « swing states », qui ont déclenché des signaux d’alerte au sein de l’équipe de campagne de Trump.

Le président sortant est donné perdant dans les trois États du Midwest (Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin) qui l’avaient fait « roi » il y a un peu plus de trois ans. Il est également distancé en Floride, un morceau de choix avec ses 29 grands électeurs, ainsi qu’en Arizona, une terre historiquement républicaine.

Au Texas, le plus grand État républicain du pays, son avance de 2 points s’inscrit dans la marge d’erreur. À la même époque, en 2016, la situation apparaissait moins favorable pour Hillary Clinton qu’elle ne semble désormais l’être pour Joe Biden.

Quelles sont les raisons de ce décrochage évident ? La première renvoie à une évolution de la composition de l’électorat, qui, année après année, se diversifie. Or, toute la stratégie de Trump est d’engranger une part grandissante du vote d’un segment déclinant de cet électorat : les blancs plutôt âgés, sans diplôme mais affichant des revenus supérieurs à la moyenne. On sait que le milliardaire est un président minoritaire, qui a accusé 3 millions de voix de retard en 2016.

Deux ans plus tard, lors des élections de mi-mandat, le déficit des candidats républicains est passé à 10 millions de voix, dans le cadre d’une participation inédite depuis 1920 pour un tel scrutin. Seul le système du collège électoral lui permet d’entretenir l’espoir d’un second mandat, tant sa défaite au suffrage universel semble acquise.

La condition de sa victoire tient donc à la conservation du bloc trumpiste dans quelques parties du pays, principalement le Midwest. C’est justement l’effritement de ce socle que mettent en lumière les sondages, avec un recul prononcé parmi les plus de 65 ans.

Sa gestion du coronavirus a sans doute rebattu les cartes parmi cette frange de l’électorat, plus fragilisée en cas de contraction du virus. Son déni, son rejet des thèses scientifiques, son nationalisme ne trouvent plus écho que dans une base de plus en plus rabougrie. La réouverture « sauvage » de l’économie, à laquelle il n’a cessé de pousser, a produit un spectaculaire rebond des cas positifs et, ces derniers jours, du nombre de décès.

Sa réaction face au mouvement de protestation après le meurtre de George Floyd a manifestement plus galvanisé ses opposants que ses partisans. Son remake nixonien de la loi et de l’ordre a fait un flop. Comme le dit le journaliste Ronald Brownstein, dans le magazine The Atlantic, « Donald Trump se présente pour assumer la présidence d’une Amérique qui n’existe plus ». Afin de prolonger son bail à la Maison-Blanche, il s’est lancé dans une fuite en avant, flirtant avec le suprématisme blanc tout en faisant le pari d’une élection à forte abstention, d’où son refus de la généralisation du vote par correspondance (alors que lui-même vote par ce biais).

Il sait qu’un taux de participation historique serait synonyme d’un message sans ambiguïté : « Vous êtes viré ! »


Christophe Deroubaix – titre original : «États-unis. La fuite en avant de Donald Trump, largué dans les sondages » source https://www.humanite.fr/etats-unis-la-fuite-en-avant-de-donald-trump-largue-dans-les-sondages-691602

Une réflexion sur “Trump, « de nombreux doutes sur sa réélection » …

  1. jjbey 18/07/2020 / 21h54

    Par ici la sortie, ce danger public sorti ne me tirera pas une larme mais ce n’est pas fait le bougre a plus d’un tour dans son sac……………..

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