L’immunothérapie.

Un formidable espoir contre le cancer

Et si le système immunitaire était la solution pour combattre les cancers ? C’est la piste privilégiée par des chercheurs français. L’un d’eux, Éric Vivier, nous en explique le principe.

« Classiquement, le traitement des cancers associe trois méthodes : la chirurgie (pour enlever la tumeur), la radiothérapie (destruction locale d’une tumeur) et la chimiothérapie (élimination des cellules tumorales où qu’elles soient dans le corps), explique Éric Vivier, professeur à l’université Aix-Marseille, directeur scientifique d’Innate-Pharma et auteur avec Marc Daêron de « L’Immunothérapie des cancers, histoire d’une révolution médicale » (1). « Le principe de l’immunothérapie ne consiste pas â éradiquer les cellules cancéreuses, mais à faire en sorte que ce soit le système immunitaire qui s’en charge. C’est aussi révolutionnaire que la découverte des antibiotiques. »

Combattre le cancer où qu’il soit

« Pour la première fois dans l’histoire médicale, un traitement a pu être approuvé pour n’importe quel type de cancer et ce, quelle que soit sa localisation », insiste Éric Vivier dont l’équipe a notamment travaillé sur les inhibiteurs de contrôle immunitaire (freins du système immunitaire). Pour l’essentiel, le procédé consiste à injecter au patient des anticorps ou des cellules traités en laboratoire et « armés contre la maladie ». Toute la difficulté réside dans le fait que notre corps n’est pas programmé pour s’en prendre à ses propres cellules. Dans le cas d’un cancer, celles-ci ont un fonctionnement anormal et une prolifération anarchique, « mais restent une partie de nous-mêmes » (voir ci-dessous).

Armer nos anticorps

Depuis cinq ans, l’immunothérapie est une des pistes les plus sérieuses pour les plus grands spécialistes mondiaux. En octobre 2018, le comité Nobel a d’ailleurs décerné son prestigieux prix de médecine à James Allison et Tasuku Honjo pour leurs travaux dans ce domaine. Depuis peu, on tente d’administrer ce traitement en « intratumoral », c’est-à-dire au coeur même de la tumeur, pour plus d’efficacité. Autre pas de géant : la réduction des effets secondaires. « On est très loin de la chimiothérapie », révèle Éric Vivier. « La cible, c’est notre propre système immunitaire. Ainsi sollicité, il peut donc provoquer des inflammations digestives ou des réactions cutanées. Mais nous savons tout à fait les juguler », précise-t-il.

Qu’est-ce qu’une cellule cancéreuse

 « C’est une cellule qui se divise sans contrôle. Elle se multiplie rapidement et forme un amas cellulaire là où, normalement, il n’y en a pas », expliquent Éric Vivier et Marc Daëron. La maladie est donc, de façon simplifiée, une reproduction cellulaire erronée.


Caroline Carpentier Revue Le fil des ans N°262


  • Editions Odile Jacob Sciences, décembre 2018. Prix : 23,90 €.