Selon que vous serez puissant ou misérable,…

… Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Jean de La Fontaine

(…) Mme Lagarde a été jugée et ne peut pas l’être de nouveau. D’abord parce que les décisions de la Cour de justice de la République (CJR) ne sont pas susceptibles d’appel, mais seulement d’un recours en cassation.

Ensuite, parce qu’un principe souverain, ayant valeur constitutionnelle, dispose que nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits devant des -juridictions différentes. Mme Lagarde était ministre de l’économie et des finances lorsqu’elle a eu à se prononcer sur le choix de l’arbitrage dans l’affaire Tapie. La loi prévoit que lorsqu’ils sont poursuivis pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions, les ministres comparaissent devant une juridiction spéciale, la CJR, composée de trois juges professionnels et de douze parlementaires.

Cette Cour, dont la suppression avait été promise par François Hollande, a survécu à son quinquennat. Mme Lagarde, ès qualités d’ancien ministre, ne pouvait donc comparaître que devant elle.

(…) Parallèlement, et en raison des fortes suspicions de fraude ayant rendu possible cet arbitrage, une procédure de droit commun a été ouverte contre six autres personnes – dont Bernard Tapie, l’avocat de ce dernier, Maurice Lantourne, l’ancien directeur de cabinet de Mme Lagarde, Stéphane Richard, l’un des trois juges arbitres, l’ancien magistrat Pierre Estoup – et confiée à un juge d’instruction. La procédure ouverte pour – » escroquerie en bande organisée « ,  » détournement de fonds publics «  ou complicité de ce délit est toujours en cours.

A l’origine, en août 2011, la commission d’instruction a envisagé la mise en examen de Mme Lagarde pour  » complicité de détournement de fonds publics « . Mais elle a constaté que rien dans le dossier n’établissait que l’ancienne ministre avait voulu s’associer  » intentionnellement «  à un détournement de fonds publics, par le biais d’une fraude à l’arbitrage. Exit donc ce délit.

La commission d’instruction s’est alors rabattue sur un autre grief, inusité, celui de  » négligence ayant permis un détournement de fonds publics commis par un particulier « . On est donc passé, pour Mme Lagarde, d’un délit intentionnel à un délit non intentionnel. Et c’est là qu’il faut chercher l’origine du désastre annoncé du procès qui s’est tenu du 12 au 19 décembre devant la CJR.

Les juges de la commission d’instruction ne pouvaient ignorer les obstacles qu’un procès sous ce seul grief allait rencontrer. (…) l’avocat général Jean-Claude Marin, [avait d’ailleurs] soutenu dès l’instruction un non-lieu en faveur de Mme Lagarde et a requis sa relaxe à l’audience,

  •  » Soit on peut reprocher à Christine Lagarde une complicité de détournement de fonds publics, soit on ne peut pas et alors on ne lui reproche rien du tout « , avait-il souligné, pour justifier son hostilité à cet entre-deux inintelligible de la  » négligence  » retenue par les juges.

Robert-Diard Pascale, Le Monde, titre original « Procès Lagarde, chronique d’un désastre annoncé » Source (Extrait)


 

4 réflexions sur “Selon que vous serez puissant ou misérable,…

  1. Honorat 29/12/2016 / 11h32

    Mme Lagarde nous prends vraiment pour des cons. Mais ne nous y trompons pas Sarkozy aussi, qui instigateur de cette escroquerie en bande organisée ne sera pas poursuivi protégé par une constitution faite sur mesure pour les escrocs. Une seule solution: la sixième république, celle des citoyens. Et on y fera une exeption: les hommes politique ne seront pas protégés par les précédentes règles iniques ils pourront tous être jugés ou rejugés .

    • Libre jugement 29/12/2016 / 15h02

      Est-ce l’ex ministre, actuellement directrice du FMI (l’organisation ordonnatrice de l’austérité au moins pour plusieurs états européens en ce qui nous concerne) n’est donc pas judiciairement inquiétée, ou dans cette justice la plus discréditée

      Cette justice à deux sanctions selon que vous êtes un nanti, un personnage public, ou un manant, une valetaille !

      Me revient en mémoire ce que disait vertement, de toute sa hauteur plus que modeste et avec la délicatesse vociférante que tous militaires se doit de posséder dans son bagage oral, ce sergent chef instructeur au temps lointain de mes classes militaires; petit gradé qui devait avoir juste un peu plus que d’autres dans ce milieu, de jugeote personnelle pour se souvenir de cette phrase certes archi-connue mais tant frappée du bon sens : je le cite « La loi c’est une putain chacun la baise a sa façon ».

      Beau défit que Jean De la Fontaine fît à la magistrature …. Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

  2. isoptech 29/12/2016 / 15h23

    Cette pathétique histoire me rappelle celle du sang contaminé de Fabius, reconnu par la justice responsable, coupable … mais pas condamnable.
    De qui se moque t’on.
    Dans le privé un chef d’entreprise serait condamné et parfois même interdit d’exercer son métier.

    • Libre jugement 29/12/2016 / 15h24

      Totalement d’accord

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