SNCF : Scandales – 2

Autrefois fleuron français, la compagnie nationale souffre désormais d’une très mauvaise réputation auprès des usagers.


Classe contre Classe

En 1956, la SNCF supprime la troisième classe. Soixante ans plus tard, il semblerait qu’elle soit de retour en toute discrétion.

Depuis 2013, le projet initialement nommé « Aspartam » a fait entrer la SNCF dans l’ère du low cost pour sucrer les coûts, les services, mais surtout l’égalité entre les usagers. Rebaptisé « Ouigo », l’offre vise à augmenter le nombre de voyageurs et faire baisser le prix des billets. Initiative louable, en théorie. Dans la réalité, les contraintes s’accumulent. Les prix, à partir de 10 euros, sont alléchants, mais les billets ne sont réservables que par Internet, non échangeables avec des billets classiques et les gares sont excentrées (Marne-la-Vallée, Lyon-Saint-Exupéry…).

Pour reconquérir des voyageurs, la SNCF a aussi lancé TGVpop : les rames ne partent que si elles sont remplies à hauteur de 33 %. L’usager-internaute indique son intention de voyage sur le site et croise les doigts pour qu’il ne soit pas le seul. Le verdict ne tombera que quatre jours avant la date de départ. Les trajets «loisirs» et les jeunes sont donc la cible, car il faut être flexible et connecté pour utiliser TGVpop.

Nouveauté du printemps 2016 : Izy, le Thalys à bas coût sur la ligne Paris-Bruxelles. Des tarifs à la carte qui ne dépasseront pas 60 euros en classe standard. Si dans un Thalys normal la capitale belge n’est qu’à 1 h 30 de Paris, avec Izy, il faudra compter près d’une heure supplémentaire car il privilégie le réseau TER/Intercités. Mais n’espérez pas recharger votre téléphone ou emporter votre garde-robe dans ces trains. L’accès à une prise de courant ou l’embarquement d’un bagage supplémentaire sont taxés. Et ne cherchez pas la voiture-bar dans ces nouveaux trains. Elle n’existe plus. Un transport ferroviaire à deux vitesses… un comble pour des TGV.


Toujours un train de retard

Les trains français arrivent deux fois plus en retard que les allemands. Il n’en va pas que des billets « loisirs », dont les propriétaires croisent les doigts pour que le retard dépasse les 30 minutes (valant remboursement d’une partie du montant), quand le conducteur turbine pour passer sous la barre de la demi-heure. Il en va aussi des voyageurs qui tremblent de rater leur correspondance, leur car ou leur réunion ! Car ils sont encore nombreux à se rendre en train à leur travail.

Pas de hasard si l’enquête de satisfaction menée par Que Choisir en 2015 sur les trains régionaux tombe à 38 % en Île-de-France. Dans la région, un demi-million de personnes souffriraient de retards quotidiens. Or, « si 40 % des voyageurs subissent souvent des retards, l’indemnisation est loin d’être la règle, précise l’Association de défense des consommateurs et usagers (CLCV). Des compensations insuffisantes et sous conditions existent pour les TGV, mais rien pour des transports aussi communs que les TER, métro et RER ».


Ingrid Merckx – Olivier Doubre – Erwan Manac’h – Vanina Delmas, Politis – Source (Extrait)