Tout pour plaire

Rien que pour mes copines blogueuses… (humour) !

Pétasse : 1. (n.p.) Joseph Pétasse (1803-1892) : poète français

2. (n.f.) femme trop souvent pénible, arrogante, langue de pute et casse-burnes, habituellement perfide, remarquablement garce, régulièrement crispante, amplement venimeuse et généralement chiante.

Synonymes possibles : pouffiasse, grognasse, radasse, etc.

3. (v.) première personne du singulier de l’imparfait du subjonctif du verbe « péter » (Exemple : « Encore eût-il fallu que je pétasse »).


La plaie, je viens de découvrir qu’Alexandre a une MST. Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire à Norbert, moi ?

  • Aïe… ma pauvre ! Surtout que ce n’est pas la première fois, si j’ai bonne mémoire. Décidément, tu n’as vraiment pas de chance.
  • Tu m’étonnes. Je le vois déjà d’ici dramatiser la chose, un vrai feu d’artifice de reproches à deux balles. Tu vas voir.
  • Il est si jaloux que ça ?
  • Mille fois pire encore, tu n’imagines pas ce qu’il me fait subir : l’enfer, tout simplement. D’ailleurs, c’est abusif, en règle générale je suis plutôt fidèle… ce n’est tout de même pas de ma faute si les amis de mes amis sont de temps en temps mes amants !
  • Et si tu l’accusais en premier ? Tu sais, avec les hommes, la meilleure des défenses, ça reste encore l’attaque. Et puis, tu peux me croire, ça ne leur fait pas de mal d’en baver un petit peu. D’accord, c’est peut-être un chouïa malhonnête mais en fait, c’est surtout une vengeance préventive.
  • Merci ma belle, dans l’absolu bien sûr, tu n’as pas tort. Sauf que malheureusement, ça ne marchera jamais. Tu connais mal Norbert. Il est un peu couillon mais pas si bête que ça…
  • Écoute, Blandine, il ne faut surtout pas te culpabiliser. Tu vas te faire du mal. Et puis très honnêtement, un cocu, qu’est-ce que c’est ? C’est juste un échangiste qui s’ignore, voilà tout. Faut pas en faire un drame. En amour, c’est connu, tout le monde peut se tromper… En plus, apparemment, tu ne l’as pas fait exprès. S’il n’est pas trop sectaire, il comprendra très bien que ce n’est pas si grave… Après tout, même le Christ a pardonné à la femme adultère.
  • Mouais. Mais il était célibataire. Ça aide. Hé, Camille, deux kir-pêche s’il te plaît, ça fait une demi-heure qu’on attend ! Tu nous trouves invisibles ou tu veux qu’on t’achète un cerveau qui fonctionne ? Excuse-moi ma puce… J’en étais où, déjà ? Ah oui : pour en revenir à Norbert, je ne suis pas convaincue qu’il soit très philosophe en matière de gonocoques. C’est fou ce qu’il peut être borné, limite psychorigide sur ce genre de détails, mais c’est plus fort que lui. C’est son côté vieille France, on ne peut pas comprendre. C’est sûrement générationnel.
  • Mais… quel âge a-t-il exactement ?
  • Cinq mille euros par mois. D’ailleurs, je l’aime probablement. Il est un peu pénible, mais à part ça il est parfait.
  • Tiens bon, ma chérie. Tu sais, faut se faire une raison : on ne choisit pas sa famille.
  • Mais lui, c’est mon mari… pas mon grand-père.
  • Ça revient presque au même. D’ailleurs, en parlant d’abruti, t’as des nouvelles de Sidonie ?
  • Évidemment, c’est ma meilleure amie ! Juste après toi, bien sûr. Remarque, depuis qu’elle a mis le grappin sur Mathias…
  • N0000n…???
  • Si.
  • C’est donc pour ça qu’elle a autant grossi ? Tout s’explique…
  • Carrément. D’ailleurs c’est encore un secret, alors je t’en supplie, ne le répète à personne, mais ils ont décidé de se marier cette année.
  • Oh, Blandine, tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir ! Sincèrement. C’est vrai qu’à première vue, ils vont très mal ensemble mais je suis sûre qu’au fond, Mathias sera heureux avec une fille comme ça… gentille, rassurante, super bonne cuisinière… Elle est si différente des bombasses qu’il se tape d’habitude ! Et puis celle-là, au moins, c’est sûr qu’on ne lui piquera pas.
  • Je ne te le fais pas dire… objectivement, je ne sais pas ce qu’il lui trouve. Non mais t’as vu sa peau ? C’est dingue, elle a déjà des rides et encore des boutons ! Enfin, chacun ses goûts…
  • Tout à fait. Loin de moi l’idée de les critiquer, bien sûr. Tu me connais. Mais quand même. J’ai vraiment le coeur qui saigne, quand je vois des amis qui vont tout droit dans le mur. Vu que la mère Sidonie, avec ses cheveux gras et ses genoux cagneux, elle n’a pas mérité d’avoir un mec pareil ! Il est beaucoup trop bien pour elle… Et moi, les injustices, ça me rend toujours malade.
  • Ne t’en fais pas, ma grande. Qui dit mariage, dit fatalement divorce. Et ce jour-là, crois-moi, je serai là pour eux. D’ailleurs en attendant, s’il y a le moindre problème, je suis prête à prendre Mathias entre quatre z’yeux… et je ne le laisserai pas dormir dans ma bai­gnoire, si tu vois ce que je veux dire.

— Blandine, tu n’as pas honte ? Bonjour la solidarité féminine !

  • Écoute-moi bien, cocotte : je suis solidaire avec moi et c’est déjà beaucoup… Un homme dans chaque port et un porc dans chaque homme, telle est ma devise ! Dis donc Camille, tu nous ressers un verre ou il faut que je m’en occupe ?
  • Au fait, à propos d’alcool, t’as croisé Nicolas, ces derniers temps ?
  • Le beau gosse ? Celui qui a le corps d’un dieu ?
  • Ouais… sauf que maintenant, c’est celui de Bouddha. À croire que sa nana le gave comme une oie pour être sûre et certaine qu’il ne la trompera pas.
  • J’hallucine. Y a vraiment des morues, des virus… des radasses toxiques qui n’ont honte de rien !
  • Et le pire, c’est qu’il a l’air heureux. Le pauvre. Décidément le bonheur ne va pas à tout le monde, je le plains du fond du cœur. D’ailleurs, tout à fait entre nous… je peux te confier un secret ?
  • Évidemment ! Depuis le temps qu’on se connaît, tu sais que je suis une tombe.
  • Oui bien sûr, mais chez toi, le cimetière affiche souvent complet… Enfin bref. Figure-toi qu’avec Nicolas, on a eu une liaison il y a deux ou trois ans. C’était franchement magique, du genre électrico-fusionnel en plus torride encore…
  • J’y crois pas ! Mais tu n’étais pas avec Raphaël à cette époque ?
  • Ben si. Et alors ?
  • Oh pardon… Je dis n’importe quoi. C’est rien. C’est l’émotion. Et donc ? Comment ça s’est fini, cette histoire ?
  • Sur un malentendu. Comme toujours. Mais pour une fois, ce n’était pas de ma faute, j’ai juste Tait un petit lapsus : j’ai pensé « passe-moi le sel », j’ai dit « sombre crétin »… Ça arrive à tout le monde.
  • Ma pauvre ! Décidément, les mecs n’ont pas d’humour. Ça me dégoûte. Mais au fait, en parlant de blaireau, t’en es où avec Guillaume ?
  • J’ai cliqué sur l’option « tu dégages, t’es trop con ». Tu sais, Blandine, si je couchais avec lui, c’était surtout pour lui faire plaisir. Tu me connais, faut toujours que je rende service… Mais tu parles d’une affaire : pour lui, cunnilingus, c’est le nom d’un empereur romain ! Honnêtement, je n’ai pas de chance avec les hommes. Tu n’imagines pas le drame qu’il m’a joué lorsque je l’ai plaqué. Remarque, je comprends son problème… moi aussi, je m’aime.
  • Alors là, ça me sidère. Quand je pense que Constance m’a confié l’autre jour sous le sceau du secret que…
  • Quoi ??? Il a couché avec cette bactérie ? Le salaud, quand je pense que j’ai failli l’aimer !
  • Ne te mine pas, ma belle. T’es trop naïve, c’est tout… À force d’écouter ton coeur, tu vas finir toute seule. Il faudrait te caser sérieusement, maintenant. C’est urgent. Sincèrement, je ne dis pas ça pour te faire plaisir, mais quand on te regarde sous certains éclairages, on voit malheureusement que le temps passe très vite. Tu as quelqu’un en vue ?
  • Non… si… peut-être Pierre-Thomas.
  • Ce fléau boutonneux ?
  • T’es vache. Il gagne à être connu, tu sais.
  • Ah oui ? Combien ?
  • Alors là, tu abuses ! Il y a un fossé entre nous. Je t’assure que pour moi, l’argent n’a aucune importance du moment que j’en ai. Après tout, je suis une romantique : j’attends le prince charmant.
  • Sois un peu réaliste, il n’y a pas que l’amour dans la vie : y a aussi le mariage. Une fois cette formalité réglée, tu peux te la couler douce et on n’en parle plus. Et puis, si c’est tout simplement le bonheur que tu cherches, je me demande pourquoi tu viens de larguer Bruno… Il avait l’air parfait, celui-là.
  • C’est justement pour ça. Je n’avais strictement rien à lui reprocher, ça devenait pénible. Un truc à te filer des complexes pour la vie. Il était drôle, intelligent, sincère, généreux… mais quand il m’a donné son coeur, je me suis rendu compte que je détestais les abats.— T’as raison, mon Agnès(1)… C’est toujours dangereux d’être avec un mec bien. Au moins, avec les cons, on n’est jamais déçue. »


Agnès Bihl – 36 Heures de la vie d’une femme (Extraits)


1. Les personnages et les situations étant purement fictifs, toute ressemblance avec d’autres Agnès existantes ne saurait être que fortuite et le fruit d’un hasard vraiment très regrettable (note de l’auteure atterrée).


2 réflexions sur “Tout pour plaire

  1. marie 19/01/2022 / 17h23

    Très drôle
    Amicalement
    MTH

  2. Danielle ROLLAT 21/01/2022 / 18h21

    si elles le vivent et le disent… c’est peut être vrai…

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