Une société française complice de torture

Mises en examen de 4 dirigeants et cadres de la société Nexa.

Égypte : une société française complice de torture ?

Environ quatre mois après les mises en examen de quatre dirigeants et cadres de Nexa, celle de la société Nexa, en qualité de personne morale, a été prononcée le 12 octobre. Une information judiciaire a été ouverte en 2017 à la suite d’une plainte s’appuyant sur une enquête du magazine Télé-rama révélant la vente en 2014 d’« un système d’écoute à dix millions d’euros pour lutter – officiellement – contre les Frères musulmans », l’opposition islamiste en Égypte.

Appelé « Cerebro », ce programme permet de traquer en temps réel les communications électroniques d’une cible, à partir d’une adresse mail ou d’un numéro de téléphone par exemple. Les ONG accusaient ce logiciel d’avoir servi la vague répressive contre les opposants d’Abdel Fatah al-Sissi.

L’enquête menée par le « pôle crimes contre l’humanité » du tribunal judiciaire de Paris doit ainsi notamment déterminer si un lien entre l’utilisation de la surveillance et la répression peut être démontré.

Soupçons sur la Libye

Nexa est dirigée par d’anciens responsables d’Amesys, visée par une autre information judiciaire depuis 2013 pour avoir vendu au régime de Mouammar Kadhafi entre 2007 et 2011 un logiciel appelé à l’époque « Eagle » (ancêtre de « Cerebro ») et qui aurait servi à arrêter des opposants libyens.

Dans cette enquête, Amesys et celui qui en fut le président jusqu’en 2010 ont aussi été mis en examen en juin.

Par ailleurs, selon une source proche du dossier confirmant une information de Libération, les enquêteurs de l’Office Central de Lutte contre les Crimes contre l’Humanité (OCLCH) soupçonnent Nexa d’avoir voulu vendre un système tactique d’interception cellulaire baptisé « Alpha Max » au maréchal Haftar, homme fort de l’Est de la Libye.

Dans un rapport de synthèse, les enquêteurs indiquent qu’un des dirigeants mis en examen dans le volet égyptien avait reconnu en audition « cette vente entre Nexa et l’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar ».

Pour les enquêteurs, ces faits pourraient relever de « l’association de malfaiteurs en vue de commettre des tortures ou des actes de barbarie »


Le Dauphiné Libéré – 29/11/2021


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Une réflexion sur “Une société française complice de torture

  1. jjbadeigtsorangefr 30/11/2021 / 17h40

    Pour faire du fric, on n’hésite pas à vendre des machines à tuer…

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