La nouvelle poste publique…

Le numérique est en train de tuer le courrier. C’est donc l’ennemi absolu pour La Poste ? La réponse à apporter n’est pas aussi simple.

Le patron de La Poste raconte comment le numérique a amené le groupe public à repenser son modèle économique, en compensant la chute du courrier par les besoins logistiques générés par l’e-commerce. Face aux Gafa, il entend capitaliser sur la confiance qu’inspire le groupe pour la conservation des données personnelles. […]

  • Le message électronique a remplacé en grande partie le message papier.

C’est un fait qu’il serait vain de nier et qui a bouleversé le métier du courrier, donc notre modèle historique. Mais le digital, c’est aussi une opportunité de croissance considérable avec l’explosion du e-commerce, qui pèse déjà plus de 20 % du commerce en Chine et 9 % en France. L’explosion du e-commerce nourrit la croissance du groupe. Cela aussi, c’est réel et c’est une vague de croissance potentielle sur laquelle nous surfons pour construire l’avenir de La Poste.

En 2018, l’ensemble des branches de notre groupe aura distribué plus de 1,6 milliard de colis. Cette croissance est à la fois forte en France et à l’international. Ce sont des revenus et du travail supplémentaires. Pour y faire face, nous investissons 450 millions d’euros dans nos usines françaises de traitement de colis.

  • Le courrier va-t-il finir par disparaître ?

Personne ne le sait, mais je ne le crois pas. Le courrier gardera cette possibilité de remise en main propre qui est indispensable. […] En France, on est passé de 18 milliards d’objets courrier transportés en 2008 à 9 milliards dix ans plus tard. Face à cela, il ne faut pas avoir une mentalité de victime, mais identifier des opportunités de croissance et les saisir.

  • Pour votre personnel, c’est quand même un traumatisme ?

Très peu d’entreprises ont été chamboulées comme nous et comme toutes les postes nationales. C’est évidemment difficile et notre force c’est que nous accompagnons les postiers dans ces changements.

  • Les facteurs ne redoutent pas le digital ?

Non, car pour eux, le numérique, c’est aussi un outil. Nous pouvons consolider et traiter des informations de masse, et les rendre immédiatement disponibles, n’importe où, dans la main de chaque facteur. Ils sont tous équipés d’un smartphone, Facteo, qui stocke les informations, transmet les détails des tournées, et qui sera demain un terminal de paiement. C’est aussi un outil RH personnalisé. Nous avons également notre site laposte.fr, qui génère plus de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les clients peuvent y réaliser des choses impensables auparavant comme créer des timbres personnalisés.

Notre nouveau défi est celui de la logistique urbaine. Si le commerce électronique continue de croître de 10 % par an, les volumes auront doublé en sept ans. Un tel flux de marchandises risque de congestionner et de polluer les villes. Face à cela, il peut y avoir une forme de réglementation de la circulation des livraisons. Il faudra mettre l’accent sur les livraisons « zéro ou faible émission » et prévoir des plages de livraisons pour que les horaires du e-commerce ne compliquent pas la circulation aux heures de pointe. Nous, à La Poste, nous pouvons concentrer les flux et livrer de la façon la plus écologique possible grâce à nos véhicules électriques. Nous avons déjà convaincu quinze métropoles de travailler avec nous : Grenoble, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Paris, Marseille, Lyon et d’autres. Nous répondons avec des partenaires locaux à une problématique des villes, nous créons des points de mutualisation pour faire entrer les colis de façon écologique et coordonnée. Nous scandons les livraisons, en tenant compte du biorythme des villes, en livrant par exemple de nuit de façon silencieuse. C’est plus efficace, plus propre et cela répond à une forme de rationalité économique.

Nous ne serons pas le seul acteur. Nous aurons des concurrents et des partenaires. Notre atout, c’est que nous sommes les spécialistes du dernier kilomètre. Celui-ci concentre entre 20 et 30 % de la valeur de la chaîne logistique. On peut traverser le globe sur un navire de marchandise ou un pays sur un 30 tonnes. Mais à la fin du trajet, ce métier, c’est de la dentelle. […].

Un avis tout personnel. Il semble bien effectivement que le service public de La Poste en se transformant surtout en ruralité plus certainement que dans l’urbain, conserverait sa position de monopole avec son nombre de vacataires itinérants fonctionnels et efficaces, bien plus que les entreprises privées de distribution trop souvent égarées sur le terrain. Restera à savoir si le personnel actuel acceptera de se diversifier. De même il faudra definitivement se détournée de l’attitude décrite dans le film « promotion canapé » du préposé de la poste, imbu d’une fausse importance et illustration parfaite du dilettantisme, concentrant la ire des usagers, si tenace. Enfin il nous semble qu’il y a encore beaucoup de chemin à accomplir pour rendre attractifs, les futurs services. MC


Lionel Steinmann, David Barroux, Les Echos. Titre original : « Philipe Wahl : « Avec le numérique, il y a un risque de servitude volontaire » ». Source (extrait)


5 réflexions sur “La nouvelle poste publique…

  1. tatchou92 05/05/2019 / 19h31

    Oui, mais.. on assiste aussi malheureusement à la fermeture de nombreux bureaux, même en ville. Il y en a 3 dans la mienne (près de 40.000 h) la lutte conjointe de la municipalité et de la population a permis de sauver un bureau menacé dans un quartier populaire.. Par contre il y a très souvent peu d’agents présents, et le service financier est très souvent fermé.. bonjour les soucis pour les titulaires de comptes..
    Pendant les vacances 1 bureau fermé chaque mois estival, l’autre souvent ouvert par 1/2 journée, et nos dévoués préposés voient leurs tournées s’allonger, vu le nombre d’immeubles nouveaux, sans avoir de renfort..
    A noter aussi, qu’une gréve dure depuis des mois dans un centre de tri pour demander des effectifs, la population râle mais …
    Enfin, un bureau vient de fermer à Colombes (80.000hbts), la mairie met 2 agents à disposition, le matin, en semaine, pour vendre des timbres et distribuer les colis : pas d’opération financière, pas de distributeur de billets de banque (logique les agents sont fonctionnaires territoriaux !) et de plus en plus de machines automatiques sont installées dans tous les bureaux, on ne peut plus parler de service public. Mieux vaut être bien portant, pouvoir se déplacer…par contrer vente de produits dérivés, et impossibilité pour les amateurs de beaux timbres d’obtenir les dernières parutions, si pas d’abonnement..

  2. etoile31 06/05/2019 / 4h08

    Le traitement du personnel de La Poste par La Poste est immonde à les contraindre à rester debout dans les agences en est un exemple visuel pitoyable.
    Sans parler de la lourdeur visible des procédures kafkaïennes pour de simples procédures….

    • Libres jugements 06/05/2019 / 9h53

      Bonjour,
      Dans votre commentaire vous signalez à juste titre non pas ce qui se passe dans des bureaux de poste, ceux-ci ont été pour la grande majorité fermée ou réunis (en ruralité dans quelques bourgs fort éloigner les uns des autres), obligeants les municipalités (ou des commerces privés) depuis quelques années à engager (au moins en horaires partiels), du personnel vacataire et dédier des locaux construits ou prêtés par les municipalités afin de palier a la déficience de services (agence postale) …
      Dans un futur proche selon l’annonce peu glorieuse du gouvernement, la construction ou l’ouverture de ses fameuses maisons de service public (tout comme ses fameuses maison de santé en réalité un retour en arrière de l’offre de soins comme après guerre 45 les dispensaire mais sans l’avantage de l’époque payer que le ticket modérateur) ou une ou deux personnes devrons effectuer et répondre à toutes les démarches administratives de quelques origines qu’elles soient (administratives, RSA, fiscales, allocations familiales, sécurité sociale, justice, etc.) autrement dit des oiseaux rares capables de repondre à tout notamment et destiné à remplacer la fermeture des services publics…
      Une catastrophe en ruralité surtout où aucun transport public n’existe réellement.
      De plus tous ces services au nom d’« agence » ou de « maison … » sont financés par soit la municipalité, soient l’intercommunalité, ce qui revient à dire que l’on a soustrait le financement réalisé par l’impôt sur le revenu (devant couvrir le financement des services publics) qui constituait le budget national, par un financement via les divers impôts locaux.

      Fraternellement
      Michel

      • etoile31 06/05/2019 / 10h10

        Effectivement pour être membre de Conseil de développement et conseiller Assurance Maladie dans une CPAM, personne, des salariés, dirigeants et élus ne voit comment cela pourra contribuer au maintien de l’habitat rural, sinon à rendre ces espaces Naturels aux plus aisés et fortunés en faisant ce concentrer les pauvres et les exclus dans les ghettos urbains…

  3. tatchou92 06/05/2019 / 18h09

    Cela ne m’avait bien sur pas échappé. Avec les organisations auxquelles j’appartiens, pour certaines depuis 1964, nous n’acceptons pas ces maisons de service au Public, nous voulons le maintien du service public sur tout le territoire.
    La casse a commencé, il y a plus de 40 ans, avec les fermetures de lits dans les hôpitaux, les fermetures de classes uniques en milieu rural, mais aussi en ville, 10 collèges il y a quelques années dans mon département d’origine, les gares, des lignes sncf, les agences EDF, les tribunaux, les subdivisions de l’Equipement, les hôpitaux de proximité, l’arrivée des déserts médicaux et la fermeture de pharmacie qui n’ont plus de chiffre d’affaire, un désastre, surtout bien sur en milieu rural, d’abord.

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