A mort l’humour !

La direction de radio France n’a plus envie de rire

C’est le retour d’un mauvais feuilleton : jeudi 2 mai 2024, Guillaume Meurice a été suspendu de France Inter.

Figure du Grand dimanche soir, l’humoriste de la bande à Charline Vanhoenacker avait déchaîné les passions en octobre en qualifiant, dans une chronique sur Halloween, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de « sorte de nazi mais sans prépuce ».

Devant le tollé, sa direction lui avait déjà collé un avertissement. Les plaintes en justice pour « provocation à la violence et à la haine antisémite » tout juste classées, le trublion en a remis une couche le 28 avril 2024 en direct. « Il y a des choses que je ne peux pas dire », a-t-il amorcé, avant de taper sur le RN. « Il y a des choses qu’on peut dire. Par exemple, si je dis que Netanyahou est une sorte de nazi sans prépuce, c’est bon […] Donc ça, allez-y, vous me faites des mugs, des tee-shirts, c’est ma première blague autorisée par la loi française ! », a-t-il lancé.

Le public a ri, la pdg du groupe, Sibyle Veil, moins. Convoqué à un entretien disciplinaire, il risque de prendre la porte.

Trois jours avant lui et dans un registre très différent, une autre voix maison, le journaliste Jean-François Achilli, a été virée de France Info. Intervieweur et éditorialiste politique, aux commandes notamment de l’émission Les informés, sa direction lui reproche « une série de conflits d’intérêts » depuis que Le Monde a révélé, mi-mars, qu’il avait aidé Jordan Bardella, président du RN et candidat aux européennes, à accoucher de son futur livre. « Je n’ai enfreint aucune règle professionnelle ou déontologique », dément l’intéressé, reconnaissant devant sa hiérarchie avoir échangé avec Bardella, rencontré une éditrice, mais refusé in fine le projet. « Quand un journaliste corrige les épreuves du futur livre d’un politique, c’est une collaboration », a tempêté dans Le Parisien Jean-Philippe Baille, patron de France Info, répondant qu’il s’agissait d’une décision « déontologique » à ceux qui dénoncent « un procès politique ». Ses collaborations extérieures — du média-training, notamment auprès de chefs d’entreprise —, interdites par Radio France, ont aussi pesé. Achilli attaque désormais son employeur aux prud’hommes. Sacrée ambiance, à la Maison de la radio.


François Rousseaux. Télérama. N° 3878. 08/05/2024


Meurice blague out

Elle n’avait pas tort, Charline Vanhoenacker, en ironisant sur l’absence de l’humoriste Guillaume Meurice des ondes de France Inter : « On l’a envoyé en internat pour le remettre dans le droit chemin. » Il y a un peu de ça.

Car le sale gosse a remis le couvert il y a quelques jours, qualifiant de nouveau Benyamin Netanyahou de « nazi sans prépuce », ce qu’il avait déjà fait une première fois en octobre 2023. La direction avait répliqué en lui envoyant un avertissement.

Mais les plaintes déposées contre lui au pénal pour incitation à la haine ont été classées sans suite par le parquet de Nanterre.

Que lui reproche-t-on exactement ? De s’être abrité derrière cette décision de justice pour réitérer ses propos. Sachant que Meurice est avant tout un humoriste, et pas un journaliste — même s’il sort un livre sur sa « blague » —, fallait-il de nouveau sévir ?

C’est ce qu’a décidé Adèle Van Reeth, la directrice de France Inter, qui, pour l’occasion, a forgé un concept inédit : l’humour qui ne fait pas de vagues. « L’humour n’a pas vocation à ajouter de la division à la division », a-t-elle affirmé.

En attendant, Meurice est suspendu et convoqué le 16 mai à un entretien pouvant mener à la fin prématurée de son contrat avec France Inter.

La soustraction, remède souverain à la division ?


Article signé des initiales A.-S. M. le Canard enchaîné. 07/05/2024


Une réflexion sur “A mort l’humour !

  1. bernarddominik 09/05/2024 / 9h09

    Adèle van Reeth prétend définir la vocation de l’humour, ça me paraît prétentieux. Mais on ne saura jamais qui lui a téléphoné pour virer l’humoriste, BHL, le Crif, Attal, Braun-Pivet ? Les candidats ne manquent pas.
    Depuis quelques années les gouvernements ont fait des lois pour que la justice encadre les idées, c’est la méthode des grands dictateurs, cela permet d’abriter sous l’aile de l’État de droit la répression des idées qui seraient en dehors de l’idéologie officielle.

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