L’ambition était belle : la loi Climat et Résilience, votée en 2021, prévoyait de diviser par deux l’artificialisation des sols d’ici à 2030 et de la stopper complètement d’ici à 2050, afin de sauvegarder les espaces naturels et agricoles.
Trois ans plus tard, les exceptions à ces beaux principes s’accumulent, et la promesse du zéro artificialisation nette prend des airs de vieux tapis mité.
La loi avait déjà exclu tous les projets d’aménagement « d’envergure nationale et européenne », à condition qu’ils ne dépassent pas au total un plafond de 12 500 ha. Ce forfait est en train de sauter.
Une première vague de 167 chantiers, validée début avril par le gouvernement, vient d’en boulotter d’un seul coup 11 900 ha.
Elle comprend pêle-mêle la très contestée autoroute A69 Toulouse-Castres, les réacteurs EPR2 voulus par Macron, la future route Centre-Europe Atlantique, des sites de stockage de déchets dangereux, des usines géantes, etc.
Une deuxième vague de 257 projets bétonnés ou goudronnés doit bientôt suivre et grignoter des milliers, voire des dizaines de milliers, d’hectares supplémentaires. « Je l’ai toujours dit, le forfait de 12 500 ha pourra être dépassé. Il est évolutif et sera remis à jour chaque année pour intégrer les nouveaux projets », confesse tranquillou aux « Échos » (11/4) le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Lequel s’est bien gardé d’évoquer un quelconque nouveau plafond.
Il ne reste plus au ministre qu’à intégrer les innombrables demandes d’exemption supplémentaires exigées par certains élus locaux — dont le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez.
Histoire de ranger définitivement la loi Zéro artificialisation des sols au rayon des farces et attrapes…
Article signé des initiales H. L. Le Canard enchaîné. 24/04/2024
Pourquoi ne pas choisir des terrains impropres à l’agriculture ?