« Triage » des élèves !

Certains voudraient voir les bons d’un côté, les moins bons de l’autre et verraient cela comme un progrès d’autres comme une stigmatisation, une ghettoïsation des élevées dans les établissements scolaires.

La création prochaine des groupes de niveaux au collège est un sujet qui préoccupe de nombreux enseignants.

Nadjet, enseignante de mathématiques dans un collège parisien, s’emporte : « Les groupes de niveaux au collège [une mesure souhaitée par Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation, NDLR], c’est une vraie ghettoïsation ! » « Si nous mettons les mauvais élèves ensemble, ils vont se tirer vers le bas et être mis à l’écart » par les autres élèves, soupire la quadragénaire. « Nous avons des gamins en difficultés sociales, psychiques, et scolaires et on nous demande de faire des miracles sans véritable changement. »

Pour d’Adeline : « Ça nous impactera dans notre enseignement, c’est certain », peste cette professeure d’espagnol en lycée, qui craint des répercussions au long terme sur ses futurs élèves.

« Ces groupes de niveau sont infernaux », embraye Astrid, prof d’histoire-géographie en lycée. Sa veste en jean bleue sur les épaules, ses lunettes rondes sur le nez et un large sourire sur le visage, malgré sa colère, elle ajoute : « C’est comme dire à l’élève “tu es nul”. Ça ne fait que le stigmatiser, et ça ne prend pas réellement en compte ses difficultés. »

Même son de cloche chez cette autre enseignante croisée dans la manifestation : « Les décisions sont assez dogmatiques, et après, c’est à nous de gérer, peste Sandrine. Par-dessus tout, la culpabilisation arrive assez vite : on nous répète de ne pas laisser tomber les enfants. »

Anaïs, jeune enseignante en lettres-histoire et géographie se dit « frustrée », et ne manque pas de soulever l’impact de ces groupes de niveaux sur les plus défavorisés.

« On a beaucoup d’élèves de parents issus de l’immigration qui n’ont pas forcément le bagage culturel suffisant pour suivre », explique-t-elle, en évoquant les grandes difficultés pour simplement écrire une lettre de motivation et un CV. « Nous nous chargeons d’aider ces élèves sur ces points, parce que, chez eux, ils n’ont pas toujours de livres en français. Ce sont eux qui risquent de se retrouver dans les groupes les plus stigmatisés, c’est rageant », s’indigne la professeure.

Si les critiques contre les groupes de niveaux sont nombreuses ce mardi parmi le corps enseignant, d’autres émergent aussi contre la faiblesse de la rémunération, objet de la mobilisation du jour. « On a besoin d’une revalorisation des salaires en dégelant les indices », s’emporte Adeline. « On nous gonfle les salaires artificiellement, à coups de primes, mais ça n’est pas pris en compte dans les retraites », déplore Astrid. L’enseignante d’histoire-géo conclut finalement : « Ce n’est pas notre vision de l’école, nos élèves méritent mieux. »


Romain Ferrier. L’Obs. Source (Très courts extraits)


Une réflexion sur “« Triage » des élèves !

  1. tatchou92 21/03/2024 / 15h48

    Les 3 versants de la Fonction Publique (Etat , Collectivités Territoriales et Hospitalière) sont mobilisés avec appel à manifestation.. et appellent à soutenir les revendications salariales (le point d’indice déterminant l’évolution des rémunérations et le déroulement de carrière a été bloqué pendant 10 ans, avec une hausse l’an dernier, nettement insuffisante pour le rattrapage… comme dans le secteur privé.
    -Si les fonctionnaires ont longtemps été considérés comme des privilégiés, ceux qui passent les concours de recrutement ne rigolent pas lorsque la fiche de paie arrive… et on s’étonne qu’il y ait des postes vacants…
    -Ils ne se marrent plus lorsque les collègues craquent, remettent leurs démissions.. et ne sont pas systématiquement remplacés, alors qu’il faut faire le boulot.. Les Hospitaliers l’ont particulièrement subi pendant le Covid…
    Des lits sont fermés dans les hôpitaux, les infirmières se tirent, les équipes des urgences croulent, les services ferment de temps en temps une nuit, les patients attendent trop longtemps sur les brancards…
    -On voit des collectivités mutualiser des services dans une interco : ce qui a trait à la culture : (cinéma, théâtre, bibliothèque, conservatoire de musique) et maintenant (voirie, ramassage des poubelles..) c’est bien si les agents conservent leur statut.. et les avantages liés..
    -Ceux qui veulent repartir en province, et suivre le conjoint font la navette, comme un ex-collègue rencontré ce matin, qui vient de Rennes 5 jours par semaine..
    -Comme les autres salariés, ceux qui partent en retraite aujourd’hui ont travaillé 6 mois de plus…était-ce bien le moment avec toutes les personnes en recherche d’emploi ??
    Pas certaine qu’on va rigoler l’an prochain avec le budget de l’Etat, de la Sécu..il y aura des lendemains qui ne chanteront pas…

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