Royaume-Uni : Vers l’implosion ?

… Volonté d’indépendance en Écosse, colère des unionistes d’Irlande du Nord, soif d’émancipation au pays de Galles… Comment le gouvernement de Boris Johnson peut-il répondre à ces envies de changement ?

Comme un air de déjà-vu… Le 6 mai 2021, les Britanniques sont appelés aux urnes un peu partout dans le pays, à l’occasion d’un “super jeudi” électoral. Et c’est vers l’Écosse que seront tournés tous les regards.

Si les nationalistes au pouvoir l’emportent largement, on devrait entendre très vite reparler d’indépendance. Avec ou sans l’accord de Londres.

C’est la différence avec 2014, où le Premier ministre britannique de l’époque, … ou à l’issue d’une campagne mouvementée, les Écossais avaient rejeté l’indépendance à une large majorité (55 % contre 45 %). Ce n’était peut-être que partie remise.

Entre-temps, le Brexit est passé par là, et la gestion de la pandémie n’a pas réconcilié les Écossais avec le gouvernement de Boris Johnson.

Dans une tribune remarquée, publiée début janvier par plusieurs journaux européens au moment où le Royaume-Uni quittait l’Union européenne, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, exprimait son espoir de voir l’Écosse bientôt rejoindre l’UE en tant que “nation indépendante”.

Il est vrai que les Écossais ont massivement voté pour le maintien dans l’UE (62 %) en 2016, comme les Nord-Irlandais d’ailleurs (56 % pour le “Remain”). Et malgré sept ans au pouvoir, la “reine d’Écosse” peut compter sur son incroyable popularité pour mettre fin aux plus de trois cents années d’union avec l’Angleterre, souligne The Observer.

Fin 2020, plus de vingt sondages d’affilée donnaient d’ailleurs le oui [pour l’indépendance] gagnant en cas de nouveau référendum.

[…]

Le 3 mai 2021, l’Irlande du Nord a fêté (ou plutôt, n’a pas fêté) ses 100 ans et la partition de l’Irlande dans un contexte électrique. Les unionistes ne décolèrent pas contre Londres et l’accord commercial conclu avec l’UE, qui “établit une frontière douanière au milieu de la mer d’Irlande ; l’Irlande du Nord se retrouve ainsi à moitié détachée du Royaume-Uni, du moins aux yeux des unionistes”, explique The New Statesman. 

Autre nation en colère contre Londres : l’Écosse, donc. “Avons-nous vraiment besoin d’être matraqués à coups de drapeaux Union Jack en ce moment ?” écrit le chroniqueur du National dans un billet enflammé. “L’Écosse a été arrachée de l’UE contre son gré […] ; notre réputation a été ternie sur la scène internationale, nos exportations ont souffert, et plusieurs secteurs de notre économie [devront] se reconstruire après la pire pandémie de ces dernières décennies, tout en ayant les mains liées.” Le ton est donné.

Enfin, et c’est peut-être le plus surprenant, au pays de Galles, le vent est aussi en train de tourner. “Pendant des décennies, l’indépendance galloise est restée une aspiration marginale, pour ne pas dire excentrique. Plus maintenant”, écrit The Observer. L’idée de quitter le Royaume-Uni séduit particulièrement les jeunes.

“Royaume-Usé”, alertait The Economist en une, le 17 avril 2021.

Pour l’hebdomadaire, “les liens qui unissent l’Angleterre, le pays de Galles, l’Écosse et l’Irlande du Nord n’ont, de mémoire d’homme, jamais été aussi distendus”. Le journal prévient : “Si Boris Johnson échoue [à recimenter le pays], on ne se souviendra pas de lui comme du dirigeant qui a libéré le Royaume-Uni, mais comme de celui qui l’a détruit.”


Claire Carrard – Courrier international – titre original : « Royaume-Uni : the end ? ».

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2 réflexions sur “Royaume-Uni : Vers l’implosion ?

  1. bernarddominik 06/05/2021 / 17h30

    Pas plus que la Catalogne je n’imagine l’Écosse indépendante. Leurs économies sont trop intégrées dans le pays le brexit n’est rien à côté des problèmes qui se poseraient. L’Ecosse qui dépend entièrement de l’Angleterre pour les produits essentiels et à l’inverse la Catalogne qui vend essentiellement à l’Espagne.

  2. jjbey 06/05/2021 / 18h56

    God save the queen…………… Pour ce qui me concerne j’ai horreur des frontières alors en faire une voire deux pourquoi pas trois avec le Brexit en plus……….un merdier supplémentaire. Et si on refaisait voter les britanniques?

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