Un Trump en déliquescence, essai toutes les manœuvres !

Le président nationaliste aborde la convention du Parti républicain dans une situation de grande faiblesse politique.

Critiqué pour sa gestion de la pandémie, largué dans les sondages, il tente d’abattre sa dernière carte : provoquer une abstention massive.

Cela devait se dérouler devant une foule de délégués en délire dans un centre de congrès surchauffé de Jacksonville, dans l’Etat-clé de Floride. Ce sera, finalement, face à un parterre de caméras dans les jardins proprets de la Maison-Blanche.

La pandémie de Covid-19, qu’il a systématiquement sous-estimée, contraint Donald Trump à apparaître pour ce qui le caractérise politiquement, alors que s’ouvre ce matin la convention républicaine : assiégé.

Rarement un président sortant aura abordé la « grand-messe » de son parti dans un tel état de fragilité. Tous les voyants sont au rouge, des chiffres du chômage à ceux des victimes du Covid-19 (plus de 175 000 morts).

Pour couronner le tout, la convention démocrate s’est déroulée sans accrocs, un comité bipartisan du Sénat a définitivement conclu à l’interférence de la Russie en sa faveur en 2016, un juge l’oblige à rendre publique sa déclaration de revenus et son ancien conseiller Steve Bannon a été arrêté pour escroquerie.

Sans parler des sondages qui lui donnent un retard de plus de 5 points dans les trois États du Midwest (Wisconsin, Pennsylvanie, Michigan) ainsi qu’en Floride.

Bravache, Donald Trump répète qu’il l’emportera… sauf si les élections sont « truquées ». Après le mantra nixonien de la « loi et de l’ordre », brandi chaque matin de manifestation après le meurtre de George Floyd, place désormais à la grande fraude qui se prépare.

Cet argument du pauvre n’a pas seulement une vocation d’excuse en cas de défaite. Il sert à pousser jusqu’à l’absurde la logique des républicains depuis une bonne quinzaine d’années : leur maintien au pouvoir passe par la plus faible participation possible.

Barack Obama a particulièrement tapé juste lors de la convention démocrate : « Ils savent qu’ils ne peuvent pas gagner sur la base de leurs propositions politiques. Alors ils espèrent rendre votre vote aussi difficile que possible, et de vous convaincre que votre vote ne compte pas. C’est comme cela qu’ils gagnent. »

Minoritaire en voix en 2016, défait de plus de 10 millions de voix lors des élections de mi-mandat, Donald Trump sait que « turn out » (participation) est synonyme de sortie pour lui (« out ».)

« Les républicains cherchent à décourager les démocrates de se rendre aux urnes », confirme Olivier Richomme, maître de conférences à l’université Lyon-II.

Comment empêcher une bonne moitié de l’électorat potentiel d’exercer son droit de citoyen ? Explications : « Ils ne peuvent pas identifier précisément l’affiliation partisane de chacun, ils utilisent l’affiliation ethno-raciale. Puisque les Africains-Américains votent à 90 % pour les démocrates, les républicains n’ont aucun intérêt à les voir voter (les Latinos aussi puisque qu’ils votent au moins à 70 % démocrate). Il en va de même pour les jeunes et surtout les étudiants » dans les États républicains, les bureaux de vote dans les quartiers populaires et les campus.

Mais voilà que le Covid vient jouer les empêcheurs de privation du droit de vote en masse. Par précaution sanitaire, des gouverneurs démocrates et même quelques rebelles républicains veulent privilégier le vote par correspondance, utilisée par un quart de l’électorat en 2016.

Donald Trump, qui vote lui-même par correspondance, veut éviter à tout prix ce scénario. Officiellement, car il faciliterait la fraude. En réalité, car il facilite le vote et donc prépare une participation élevée. CQFD.

Suite logique : empêcher que les électeurs puissent voter par courrier. Comment ? En organisant l’insolvabilité technique de la Poste américaine, l’US Postal.

Le milliardaire a donc nommé un de ses gros donateurs pour faire le sale boulot : un certain Louis DeJoy. Mais là aussi, la stratégie trouve ses limites. Comme il a finalement dû retirer les troupes fédérales de Portland, Donald Trump s’est vu contraint de geler les mesures qui, sous couvert de la « chasse aux coûts », masquaient la volonté de ne pas faire distribuer les courriers électoraux.

Quelle sera la prochaine tentative d’entrave au suffrage universel ?

Jusqu’où peut aller un président qui assume de plus en plus son suprémacisme blanc et sa volonté de ne pas respecter le verdict des urnes ?


Christophe Deroubaix- Source


Une réflexion sur “Un Trump en déliquescence, essai toutes les manœuvres !

  1. jjbey 26/08/2020 / 22h50

    S’accrocher au pouvoir alors que le bilan sanitaire est désastreux relève de la tentative d’homicide. Cet individu est un danger non seulement pour les américains mais pour l’humanité toute entière.

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