Ciivise, destruction suite…

… Pédocriminalité, des mots sur les maux.

Alors que le successeur Édouard Durand, Sébastien Boueilh nommé récemment vient de démissionner, que la Vice-présidente de cette commission, elle aussi, nouvellement nommée Caroline Rey-Salmon annonce par voie de communiqué se mettre « en retrait total des travaux » de la Commission indépendante (Ciivise). Une situation confirmant que Macron a bien tué cette commission indépendante


On savait qu’Édouard Durand — l’ex président du CIIVISE chassé après un rapport ayant déplut à notre macrounet — n’en resterait pas là.

L’ancien coprésident de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), évincé en décembre dernier, publie un très court essai, intitulé 160 000 Enfants. Violences sexuelles et déni social (éd. Gallimard, coll. Tracts, 3,90 €).

Trente pages de démonstration implacable et brute concernant un système de violences dont les enfants — précisément 160 000 chaque année – sont victimes. Trente pages d’une intelligibilité rarement atteinte sur le sujet. Les faits apparaissent ici limpides.

Ils l’ont toujours été pour qui veut bien voir ou entendre. Mais « entendre les mots qui décrivent la violence sexuelle, c’est faire surgir les représentations que ces mots suscitent, et c’est insupportable. Il est plus commode de se dire que ça n’existe pas ».

Édouard Durand décrit, avec une précision très graphique, mais sans outrance, ce que sont les violences sexuelles faites aux mineurs. Un crime où l’arme est un sexe d’adulte, un doigt, une main, une langue. Un crime où la victime n’est qu’un enfant. Il rappelle que les conséquences sur la santé et la vie des victimes sont presque infinies.

L’injonction à « tourner la page » ne vaut rien quand on fait face au « présent perpétuel de la souffrance ». Le juge montre que l’insupportable devrait inévitablement déclencher un soutien incontestable, pour ceux qui dénoncent, qui parlent, qui osent s’affranchir de la honte et du dégoût. Or il n’en est rien. « On les soupçonne de mentir, d’exagérer, ou on accuse leur mère, et tout autre adulte protecteur, de mentir, de manipuler. »

L’injonction à « sortir du silence » ne vaut rien quand « ce n’est jamais le bon moment, jamais la bonne manière. C’est trop tôt, trop tard, trop vague, trop précis, trop chuchoté, trop public ». Le texte déploie un raisonnement imparable. « Le déni collectif et l’impunité des agresseurs marchent main dans la main, tranquillement, avec assurance, sans inquiétude. »

Comment se satisfaire d’une telle violence ? Comment ne pas en être écœuré ? À la lecture de ce texte, on mesure l’ampleur du gâchis. Celui de ne pas avoir reconduit Édouard Durand à la tête de la Ciivise. Celui de n’avoir toujours pas donné de suite précise à cette commission.


Julia Vergey. Télérama. N° 3865. 07/02/2024


3 réflexions sur “Ciivise, destruction suite…

  1. bernarddominik 09/02/2024 / 16h14

    Macron aurait il un problème avec la pédophilie ?

  2. tatchou92 09/02/2024 / 21h52

    Criminels absolus… J’aurais aimé entendre une plaidoirie de Maitre BADINTER sur ce sujet… qui aurait été écoutée religieusement et aurait fait trembler les criminels…

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