Ce quotidien…

… pour un certain nombre d’entre nous, hélas !

« Patricia, 60 ans, travaille incognito dans ce supermarché. »

À l’image, elle travaille floutée. « Elle est une sorte de détective chargée de traquer les voleurs. » Car, « depuis la crise, explique la présentatrice du magazine 66 minutes, sur M6, les vols de produits alimentaires explosent ». Causant des déflagrations meurtrières.

« Ils sont étudiants, mère au foyer, retraité et n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Alors, pour se nourrir, ils ont fait le choix radical de voler dans les magasins. » Il faudrait des centres de déradicalisation pour les précaires. « Pour du fromage, de la viande ou des sandwichs, ils n’hésitent plus à enfreindre la loi, alerte le reporter. Enquête sur ces Français prêts à voler pour manger. »

Heureusement, « les enseignes de la grande distribution tentent d’enrayer ce fléau ». On ne dira jamais assez la détresse des actionnaires de Carrefour, Auchan et consorts. Voyez l’Intermarché de Carmaux (Tarn), où officie la très floue Patricia : « Le vol a représenté une perte de chiffre d’affaires de 100.000 euros pour le patron. »

Pauvre patron (qui n’a rien perdu, le coût du vol est répercuté sur celui des articles).

Ce matin, « y a du boulot ! », constate Patricia devant son bureau parsemé d’emballages aux contenus dérobés. « Son enquête démarre avec ce carton qui contenait une paire de ciseaux de couture à 14 euros ». Les pauvres sont affamés au point de manger des ciseaux. « Grâce aux enregistrements vidéo, Patricia remonte le temps ». Et repère la délinquante. « Cette petite dame aura certainement pris autre chose parce que, comme dit le dicton, qui vole un œuf vole un bœuf » Bingo !

La cliente, « avant de dérober les ciseaux, s’est arrêtée au rayon boucherie ». Elle a pris un faux-filet qu’elle a glissé dans son sac…

Qui vole des ciseaux vole du bœuf. « La cliente n’a pas le profil d’une grande délinquante », elle a présenté sa carte de fidélité en caisse. Patricia la convoque pour « rembourser le fruit de son méfait. C’est une femme de 59 ans sans emploi et sans antécédent judiciaire, elle touche 900 euros d’aide sociale par mois ».

Une assistée ! Bientôt obligée de travailler gratuitement en échange de son RSA, ça lui apprendra à voler du faux-filet.

« Partout en France, des citoyens lambda passent à l’acte. »

Parmi ces terroristes, « Sébastien, 22 ans. Ce licencié de sociologie n’a pas le profil d’un repris de justice ». Des études de sociologie, c’est quand même un peu louche. Il dispose de « 290 euros par mois. Mais, en deux ans, certains produits de base ont augmenté de 4o % ».

Une hausse causée pour moitié par le surcroît de profit des entreprises, selon le FMI. M6 s’en contrefiche. « Aujourd’hui, Sébastien va commettre ses méfaits dans ce supermarché. Nous décidons de ne pas l’accompagner. » Le reporter de guerre est un peu timoré.

À sa sortie, « Sébastien n’a payé que 12,19 euros ». Le rapiat. « Les produits haut de gamme, il les laisse au fond du Caddie sans les passer en caisse ». « J’ai pris de la truite fumée, un gros pavé de comté. » « 15 euros au total. »

C’est énorme. « Il risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45000 euros d’amende. »

Pas assez dissuasif. Géraldine, « gérante d’une dizaine de supermarchés », déplore : « Tournedos, steak, onglet sont faciles à glisser dans une poche et sont indétectables avec leur emballage aluminium. »

À défaut d’emballages en plomb, elle acquiert « des antivols d’un nouveau genre ». À clipser sur les barquettes de faux-filet.


D’après un article de Samuel Gontier. Télérama n° 3853 (extraits)


2 réflexions sur “Ce quotidien…

  1. Pat 16/11/2023 / 19h31

    Si la viande était plus tendre, elle n’aurait pas besoin d’outil pour la découper. Oups…Pardon Michel, c’est sorti tout seul…

Rappel : Vos commentaires doivent être identifiables. Sinon ils vont dans les indésirables. MC