Retailleau : Maitre en virevolte.

Un insoutenable suspense était en passe de prendre fin à l’heure où bouclait « Le Canard » le groupe LR du Sénat était sur le point de voter un amendement de compromis relatif au fameux article 3 du projet de loi Immigra­tion qui porte sur la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension.

Cet amendement a pour avocat un tout nouveau sénateur, l’ex-maire du XVI’ arrondissement Francis Szpiner. Il vise à plafonner le nombre de régularisations annuelles : de 7 000 actuellement, celles-ci ne pourraient excéder 5 000.

Tout ça pour ça ! Et ce serait aux préfets de prendre la décision, comme le propose un autre amendement de compromis, celui-là du président du groupe Union centriste, Hervé Marseille, partisan d’une adoption du texte.

L’affaire a commencé à se dénouer lors d’une réunion au sommet, mardi matin, entre les chefs à plumes de la majorité sénatoriale. Il y avait, raconte l’un d’eux, « une forte pression de Larcher et de sénateurs LR » en faveur d’un compromis.

Le président du Sénat, surtout, ne pouvait pas accepter qu’aucun texte ne sorte des débats dans sa Haute Assemblée. « Cela voudrait dire, s’est-il indigné devant quelques sénateurs, qu’on n’est pas capables d’avoir une majorité sur un texte au Sénat et que notre majorité sénatoriale se fracture ! »

Mais, en face, Bruno Retailleau « s’est beaucoup avancé sur une ligne dure », explique le même hiérarque : « Il a chauffé à blanc ses copains et, maintenant, il cherche la sortie. Faire un triple salto arrière n’était pas facile ! » Même quand on a fait ses débuts au Puy du Fou, aux côtés de son ancien ami Philippe de Villiers ?

Toutes ces contorsions n’ont pas empêché des sénateurs LR de demander, comme leurs camarades députés, des régularisations dans leurs circonscriptions respectives. D’où ce commentaire peu charitable d’Hervé Marseille :

« Ils veulent bien aller au bordel, mais ils ne veulent pas que ça se sache. »

Vite, des noms !


Article non signé. Le Canard enchaîné. 08/11/2023


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