Tenir. Suite 4

Relire Tenir suite 3

Tenir à ses bibliothèques, à ses bijoux, à ses photos jusqu’au jour où définitif tout est perdu sans aucun drame, chemin marchant une vie, vieillie, souriante encore un peu. Debout.

Tenir de source sûre et certaine que mille choses invisibles se tiennent autour en cohérence, cheveux tirés au beau hasard, pour tracer route, passé, présent, jusqu’à tous les demains. Debout.

Tenir un langage éperdu troublé de chutes et creusements, soulevant les phrases du sol au ciel, cous de girafe secouant, silences les mots. Debout.

Tenir le bout, bon bancal, en traversée des boucans sourds, sur les genoux, centaines de miettes, trois petits chats, bout de ficelle, la seule sortie du labyrinthe, je cherche debout.

Tenir l’équilibre des comptes dans nos boutiques submersibles, avec des gestes de pianiste, s’asseoir, debout.

Tenir en laisse, oh pas grand-chose, ni les démons ni les volcans en liberté : des nids de guêpes sur le fil, nos pas hésitent plus très debout.

Tenir conseil devant personne, avec poumons, cœur, pieds, genoux, dans une maison aux plafonds hauts, hésitant heures et semaines, pour un gros embarras du choix, faut-il des décisions. Debout.

Tenir la porte à n’importe quel homme ou femme, mains nues, vitesse de la lumière et dans la bouche à peine un mot, secrets gardés, volets d’hiver, on se sépare vite et debout.


Albane Gelé. Recueil « Si je suis de ce monde ». Éd. Cheyne 07320 Davesset


Une réflexion sur “Tenir. Suite 4

Laisser un commentaire