Prose-poème-suite (Lien) Un texte qui peut être vous a désorienté par son rythme saccadé, son phrasé, pourtant, prenez la peine de lire ce court extrait évocateur. MC
Tenir solide les pieds posés malgré catastrophes naturelles, à faire courir, tomber nos jambes coton, puis courant d’air, je vous en prie restons debout.
Tenir à bras sacs et poids-lourds, clous et nuages, serrés,cailloux à plier dos et les genoux, puis banc de sable en éclaircie entre une rivière et un fleuve, à s’ébrouer la tête noire (devant tout près, aigrette blanche sur une patte). Debout
Tenir cadence de ses désirs, joies troubles, emportements et fougues malgré les têtues tentations, galops lumière, renes longues, la tête est dans le corps. Debout
Tenir, parmi verres brisés, une cigarette et sans béquilles, échappée belle à tout autour qui dégringole et un boucan dans les oreilles, tête baissée marchand debout
Tenir penché, pieds nus posés sur des cailloux et les noyaux des mille cerises du cerisier en équilibre sur le roulis d’un jardin calme, les bras, les yeux affairés, dans de petites herbes, des fleurs. Debout.
Tenir des livres dans ses bras, voyagés là, posés, plantés, poussant du sol, piles renversées, égratignées, paquets de phrases portées. Debout
Tenir levées ses mains ouvertes, doigts dépassant tous les plafonds, des pieds sur terre jusque-là-haut qu’on sait sans voir est transparent le corps. Debout
Tenir en bride les élancements de l’impatience, les naïvetés, les enthousiasmes tendus, sensibles doigts de harpiste, harpe debout.
Albane Gellé. Recueil « Si je suis de ce monde ». Éd. Cheyne. 07320 Devezet
Une réflexion sur “Tenir – suite 3”