Est-on obligé de consommer pour consommer ?

Le génie du capitalisme aura consisté à orienter la volonté de l’insatiable désir de consommer.

Avant de se laisser tenter par un achat il serait nécessaire de se poser les questions suivantes :]

  • Est-ce un besoin « essentiel » ?
  • Est-il vraiment « vital » ou « accessoire » ?
  • Qui décide ?

Que défini par un besoin « essentiel » ?

On pense bien sûr aux exigences dont dépendent la survie ou le bien-être de l’organisme : manger, boire ou se protéger du froid, par exemple. D’autres, qui l’étaient autrefois, le sont de moins en moins.

Jusqu’à récemment, respirer un air non pollué allait de soi ; c’est devenu difficile dans les mégapoles contemporaines. Il en va de même pour le sommeil. Aujourd’hui, la pollution lumineuse rend l’endormissement difficile pour nombre de personnes. La pollution sonore parle également à nombre de citadins. On consacre des volumes croissants d’argent à l’isolation des logements, afin de satisfaire un besoin — silence — autrefois gratuit. […]

Tous les besoins « essentiels » ne sont pas d’ordre biologique. Aimer et être aimé, se cultiver, faire preuve d’autonomie et de créativité manuelle et intellectuelle, prendre part à la vie de la cité, contempler la nature… sur le plan physiologique, on peut certainement faire sans. Mais ces besoins sont consubstantiels à la définition d’une vie humaine digne d’être vécue. […]

Qui détermine l’« essentiel », l’« accessoire » ?

[…] Dans tous les cas ce qui reste « essentiel » est ce que vous déterminez pour les vôtres et vous-même ; il pourrait être différent selon les personnes interrogées. Quant à l’« accessoire » là encore il se détermine selon vos critères personnels et non pas au travers des volontés d’industriels orchestrees par une publicité auto-guidante et à  culpabilisante de ne pas posséder l’ « accessoire » comme si la vie de la société ou la votre, en dépendait.


D’après un article de Razmig Keucheyan -– Le monde Diplomatique – Source (Extrait)