Elle régente LFI

La cheffe de groupe LFI à l’Assemblée, elle défend bec et ongles tout ce que dit et fait son Patron.

Rien de tel qu’un peu de travaux pratiques pour connaître Mathilde Panot, injustement caricaturée, forcément bien plus sympa, expliquent ses copains, que ce qu’en disent les médias bourgeois. Non, elle n’est pas rugueuse, elle est juste « pas faux cul ». Elle serait « authentique ». Pas sûr qu’on sache bien ce que cela veut dire, mais bon, c’est sûrement vrai.Samedi, donc, attaque du Hamas en territoire israélien. Terrorisme ? Pas du tout. Mathilde Panot tweete au nom du groupe LFI de l’Assemblée, qu’elle préside, et évoque « une offensive armée des forces palestiniennes menées par le Hamas ». Ah bon, il s’agit donc d’un conflit militaire ? Puis : « Nous déplorons les morts israéliens et palestiniens. » Mais, à l’heure où elle écrit ces lignes, il n’y a pas de morts palestiniens.

Lundi, suite des messages. Gaza en état de siège, elle se fait martiale, tonne, condamne, oui, mais les massacres, les otages ? Elle se moque de tout cela comme de son premier tweet, elle a raison, elle le sait. Et puis le chef du Hamas vit au Qatar, il ne risque rien, ouf.

Elle est du genre coriace, char d’assaut, peur de rien, surtout pas des énormités.

Elle l’a théorisé : ce qui compte, c’est le buzz, avec différentes méthodes.

La première : nier l’évidence. L’attaque en territoire israélien n’est pas terroriste. Elisabeth Borne traitée de « rescapée », non, cette diplômée de Sciences-Po Paris ne voit pas le problème.

Au moment de la commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv’, la voilà qui se lâche : « Ne pas oublier ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN. » Tollé. Elle réplique : « Où voyez-vous dans mon tweet que je compare Macron à Pétain ? »

Ne jamais s’excuser, jamais.

Delapierre dans son jardin

Elle est aussi passée maître dans l’art de noyer le poisson. Quand elle est interrogée sur les faits reprochés à la députée Sophia Chikirou, la compagne de Jean-Luc Mélenchon, elle invite ses camarades à « ne pas participer à ce dénigrement qui nous vise tous et toutes », avant de juger les attaques « sexistes » et « arabophobes ».

Excellente aussi en matière de changement de pied, la députée du Val-de-Marne, qui commence à avoir du métier puisqu’elle est entrée à l’Assemblée à 28 ans, en 2017. Interrogée sur la virulence des débats à l’Assemblée, elle se lance dans un vibrant plaidoyer pour la liberté d’expression : « Tout ce qui est dit sur les mots violents qu’on aurait prononcés dans l’hémicycle, c’est d’abord une méconnaissance du Parlement extrêmement forte : il y a eu des épisodes bien plus violents. »

C’est pourtant la même qui obtient la condamnation d’un parlementaire qui l’avait traitée de « poissonnière ». Et c’est encore elle qui lance, lorsque Christophe Castaner devient président du groupe macroniste de l’Assemblée, en septembre 2020 : « La Macronie recycle ses déchets. ». Gracieux.

Que comprendre ? Rien.

Elle cogne, et voilà.

Et le premier qui réplique est sexiste.

Sauf Mélenchon, bien sûr. Le Che Guevara du Vieux-Port a confié, parlant d’elle : « C’est une des rares femmes tribuns. » Bien sûr que ce n’est pas sexiste. Elle a déployé tout son talent quand a éclaté l’affaire Quatennens.

Assez embêtée, elle laisse alors Clémentine Autain et Danièle Obono organiser la défense du roi de la torgnole. Elle plante l’émission « Quotidien », où elle était attendue pour parler du sujet. Elle dit qu’elle a été « déprogrammée ». Gros mensonge. Puis elle attaque le gouvernement en affirmant que Damien Abad « est resté un bon bout de temps au gouvernement ». Nommé le 20 mai 2022, il est démis de ses fonctions le 4 juillet, oups.

Collègue de bureau

Panot pratique aussi ce que le philosophe Raphaël Enthoven appelle l’« esquive par l’altitude » : pour ne pas répondre à une polémique gênante, elle explique qu’il s’agit là d’un sujet mineur, parlons plutôt de la faim dans le monde, du réchauffement climatique, de la crise sociale et des punaises de lit.

Elle défend les positions de son parti sur le port de l’abaya dans les établissements scolaires, à sa façon, sans chichis. « Le Parisien » fait sa une sur le phénomène ? « Pour ce journal comme pour beaucoup d’autres, l’islamophobie fait vendre. »

Consciente de mettre en danger les journalistes de cette rédaction ? S’en moque. L’abaya, explique-t-elle, est la « tenue des femmes musulmanes ». Les Iraniennes et toutes celles qui se battent contre l’obligation de porter ce vêtement lui disent un franc merci. Elle a été « honorée » de recevoir le rappeur Médine.

Où est passée la militante d’avant-garde à la parole libre remarquée toute jeune par le subtil François Delapierre, ancien lieutenant de Mélenchon ? Mathilde Panot marche au pas de l’oie, dit que « Mélenchon est le plus grand homme politique de ce temps », mord les mollets de ses opposants. Elle est toute contente d’avoir repris son bureau à l’Assemblée.


Article d’Anne-Sophie Mercier. Dessin de Kiro. Le Canard enchaîné. 11/11/2023


2 réflexions sur “Elle régente LFI

  1. Bernard 16/10/2023 / 8h41

    LFI c’est devenu une secte avec un grand gourou Mélenchon

    • Libres jugements 16/10/2023 / 11h48

      Je l’ai déjà dis, mais je vais le répéter au risque de déplaire certains. Au cours de mes pérégrinations politiques antécédentes, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs fois les adeptes – j’emploie ce qualificatif à dessein – de Mélenchon dans notre région ardéchoise.
      J’ai pu constater que l’embrigadement était à la même hauteur que l’engagement qui devait être pris lorsque l’on devenait adhérent de lutte ouvrière. C’est-à-dire un monde fermé sur la politique, ou seule doit être combattu jusqu’à la révolution, le capitalisme et tout ce qui le représente.

      Mélenchon avait/a cette faculté orale du tribun faisant roi les grenouilles de son bénitier personnel. Autrement dit il n’y avait aucune place à la discussion, à la concession en dehors de la ligne imposée par le Jean-Luc de service.

      Je ne suis absolument pas de ceux qui idolâtrent une statue – j’en ai assez soupé avec mon père – pas plus que je pense qu’aucun être sur terre à la parole absolue.

      Certes, il y a des idées à prendre dans les propositions de LFI tout comme il y en a au NPA, PS, PCF, etc.
      Bien qu’ayant été élevé et je l’ai dis maintes fois – pourquoi m’en cacherais-je – dans la religion communiste en banlieue rouge et son éducation empreint de solidarité – une bonne chose – mais, ses principes, ses actions, « ses vérités », qui me furent trop longtemps imposés, m’auront permis d’y déceler, comme dans toutes religions, qualités et défauts. Lfi est encore pire dans sa rigidité son égoïsme, ces directives politiques.
      Amitiés
      Michel

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