Une patate chaude à Matignon

À l’image de Macron et de Sarkozy, deux de ses modèles, Gabriel Attal saute sur tout ce qui bouge… sauf lorsque cela ne l’arrange pas !

Au risque de mettre le gou­vernement dans l’illégalité. Le Premier ministre avait jusqu’au 2 mars pour justifier le « rejet implicite » par le gouvernement de l’agrément d’Anticor. Plus d’un mois plus tard, Matignon demeure étrangement silencieux.

Renouvelé tous les trois ans, cet agrément permet à l’asso­ciation, comme à d’autres, de se porter partie civile dans des affaires de corruption. Anticor a ainsi déclenché ou relancé des enquêtes contre l’ancien président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, l’actuel ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, ou encore le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler.

Le 23 juin dernier, l’association dépose sa demande auprès d’Elisabeth Borne, alors en poste à Matignon. Normalement, c’est au garde des Sceaux d’y répondre. Mais, comme Dupond-Moretti s’est vu traduire devant la Cour de justice de la République par Anticor, il s’est « déporté » vers la cheffe de gouvernement, qui dispose de quatre mois pour faire part de sa décision.

Déports de l’angoisse

Première surprise, Éli­sabeth Borne réclame, et obtient, deux mois d’ins­truction supplémentaires. Seconde surprise, soixante-douze heures avant de livrer son verdict, elle se déporte à son tour ! Potentiellement impliquée dans l’affaire dite « de la tour Triangle » et dans celui des autoroutes, Borne refile le bébé à… Catherine Colonna. Pourquoi la ministre des Affaires étrangères ? Per­sonne n’en sait rien…

Toujours est-il qu’à la date fatidique, le 23 décembre, après six mois d’instruction, donc, Colonna ne dit rien. C’est ce qui s’appelle un « rejet implicite ». Depuis, les responsables d’Anticor cherchent à savoir ce qui leur a fait défaut. Un nombre d’adhérents insuffisant ? La présence dans leurs rangs de magistrats trop méchants avec Macron et ses amis ?

Le 2 janvier 2024, l’association demande au ministère des Affaires étrangères de bien vouloir lui communiquer les motifs de sa décision. Mais ni Colonna ni son successeur, Stéphane Séjourné, n’ont pris la peine de répondre avant le 3 février, comme la loi les y obligeait. À défaut d’obtenir des explications, Anticor a déposé une nouvelle demande d’agrément le 19 mars.

Et, cette fois, c’est Attal qui devra vraiment s’y coller…


Article non signé lu dans le Canard enchaîné. 10/04/2024


2 réflexions sur “Une patate chaude à Matignon

  1. bernarddominik 12/04/2024 / 17h34

    Les corrompus n’aiment pas anticor

    • Anonyme 12/04/2024 / 18h42

      Patate chaude…
      ——————
      Commentaire non signé. Il s’expose à censure voir rubrique « Nous joindre » 3 eme §, donnant la regle sur ce blog.
      La prochaine fois il n’y aura pas d’avertissement … direct Corbeille.
      Michel

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