Ministères et boules de com’

L’enchevêtrement des structures et des circuits financiers de la com’ gouvernementale est si touffu que même les magistrats de la Cour des comptes peinent à s’y retrouver !

Le 11 janvier, ces malheureux ont publié un rapport sur le Service d’information du gouvernement (SIG) — qui s’occupe de sonder l’opinion et d’orchestrer la pub de l’Élysée, de Matignon et des ministères.

Premier constat : com’ on pouvait s’en douter, le SIG coûte bien plus cher à l’État que les seuls crédits votés par le Parlement. L’enveloppe qui, depuis l’élection de Macron, n’a cessé de gonfler bénéficie de copieuses rallonges en cours d’exercice, accordées de façon si discrète que la Cour s’inquiète d’« un affaiblissement de la transparence de l’information du Parlement ».

Brouillard budgétaire

Sur le papier, le service aurait dû, en 2022, se contenter de 23,4 millions d’euros (soit, tout de même, 71 % de mieux depuis la première élection de Macron). Mais les dépenses réelles se sont avérées dix fois plus élevées : la Cour a découvert que 217,5 millions avaient été claqués, sous l’autorité du SIG, pour financer pas moins de 196 campagnes de communication. Et l’inventaire est loin d’être exhaustif : le SIG, en effet, ne coordonne que 23 des 438 « opérateurs de l’État » (ministères, administrations, établissements publics, etc.) qui soignent tous leur propre image à coups de crédits.

Les effectifs du Service d’information sont, eux aussi, en plein boum, avec 86 agents en 2022 (28 % de plus depuis 2017). Ce bataillon fait pourtant pâle figure comparée à ceux des autres ministères. Cent six personnes, par exemple, sont placées sous les ordres du porte-parole du Quai d’Orsay, et des régiments de fils de pub et d’experts en sondage œuvrent à l’Intérieur, à Bercy ou à l’Éducation nationale…

En fouillant dans les comptes du SIG, les magistrats ont découvert un joli gag (« La Lettre », 12/1). En mai 2022, ce service que le monde entier nous envie s’est révélé incapable de rédiger lui-même une biographie de deux pages du Premier ministre sortant, Jean Castex. Ce boulot, qui « aurait demandé une heure de travail au plus à un agent rédacteur du service », a finalement été effectué par une boîte privée, l’agence Citizen Press, pour la bagatelle de 2 844 euros TTC. A votre bon cœur…

La Cour des comptes, enfin, s’interroge sur le statut ni chair ni poisson du SIG, qui mélange des fonctions de communication institutionnelle et promotionnelle pour le gouvernement.

Vachards, les magistrats citent à titre de contre-exemple le Government Communication Service du Royaume-Uni, dont les 7 000 salariés centralisent l’action et les budgets de tous les services de l’État tout en restant « neutres politiquement » et en agissant « dans le seul cadre du droit ». Décidément, ces Britanniques ont des mœurs politiques bien curieuses…


Hervé Liffran. Le Canard enchaîné. 17/01/2024


3 réflexions sur “Ministères et boules de com’

  1. bernarddominik 25/01/2024 / 13h47

    Notre Macron et son équipe sont totalement incompétents en matière de finance : sur un budget de 450 milliards le déficit est de 173 milliards soit 38%. Macron distribue le pognon comme si l’état n’avait qu’à imprimer des billets.

  2. tatchou92 25/01/2024 / 22h17

    Et simultanément on délocalise des services administratifs, on supprime des postes, on ne remplace pas les enseignants absents, on voit les infirmières quitter l’hôpital, des services d’urgence ferment une fois par semaine, les médecins hospitaliers à diplôme hors Union européenne, préssurés au max, et ayant raté le concours d’intégration devraient être remerciés…2.000 concernés : qui fera le boulot ? comment les patients seront-ils soignés, accueillis… Le Docteur Patrice PELLOUS et ses confrères ont du pain sur la planche des revendications… comme les Chefs d’établissements scolaires publics et les Parents d’elèves…

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