L’image dérange. C’est fait pour. Lundi 30 octobre, l’ambassadeur d’Israël à l’ONU s’est présenté avec une étoile jaune à sa veste.
Identique à celle portée par des millions de Juifs pendant la guerre — si ce n’est que la sienne était siglée « never again », « plus jamais ».
Objectif : pousser le Conseil de sécurité à condamner le Hamas. Mais si l’image dérange, ce n’est pas seulement parce qu’elle rappelle les crimes du nazisme. C’est aussi parce que, dans une actualité dramatique et complexe, elle en détourne l’un des symboles les plus violents.
« Cet acte déshonore les victimes de l’Holocauste ainsi que l’État d’Israël », a écrit, sur X (ex-Twitter), le président du centre Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem.
Un malaise éloquent, alors que son pays reste traumatisé par les attaques du 7 octobre, inédites par le nombre de leurs victimes et la cruauté de leurs auteurs — qui rêvent de rayer Israël de la carte…
Mais voilà : l’instrumentalisation de plus en plus fréquente, par les uns comme par les autres, de la Seconde Guerre mondiale ne sert pas à comprendre le présent. Pas plus que l’utilisation à tout bout de champ du mot « génocide ».
Ou du terme « nazi » pour qualifier l’ennemi ; voire pour faire rigoler la galerie, comme l’a fait Guillaume Meurice sur France Inter à propos de Benyamin Netanyahou, dans une vanne d’autant plus douteuse, nonobstant tout le mal qu’on pense de la politique de ce dernier, qu’elle s’accompagnait d’un cliché antisémite.
La même semaine, une vidéo sur le Net montrait des voyageurs du métro parisien chantant la gloire des nazis. « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde », disait Camus.
Mal évoquer la Shoah, c’est en abîmer la mémoire. Au risque d’en gommer l’irréductible horreur
Valérie Lehoux. Télérama. N°3852 – 08/11/2023
Où va mener l’extrémisme religieux israélite ??? MC
Israël joue sur les amalgames, mais en réalité ce sont les palestiniens qui sont les victimes.