Malik N. et son epouse, aime la presse.
Le 29 mai 2015 au matin, il s’adresse à son épouse via WhatsApp. Elle est fonctionnaire au ministère de l’Intérieur. En urgence, il cherche des infos sur un journaliste qui vit « sur le 13 ou le 14 ». (Voir aussi l’article – LIEN)
Comprendre : le XIIIᵉ ou le XIVᵉ arrondissement de Paris. « J’ai besoin de son adresse pour midi, je te donne le blaze du mec : Christophe Labbé. Ne me communique pas par texto ces infos. » Labbé travaille alors au « Point ». Il a rejoint, en 2016, « Le Canard enchaîné ».
Dans l’après-midi, l’épouse indique que les recherches du collègue fouillant dans les fichiers sont infructueuses. Pour l’aider, Malik fournit l’identité de la compagne (elle aussi journaliste) de la cible.
A 15 h 34, sa moitié lui écrit : « Introuvables. Ils sont inscrits nulle part… » Pas d’abonnement téléphonique à leur nom ! Il peste : « Ils sont trop discrets, c’est la merde totale. » Hé, hé…
Les limiers de la DGSI n’ont identifié ni la petite main chargée des recherches ni le ou les commanditaires. Car, ils en sont persuadés, Malik N. n’a pas agi de son propre chef.
Ils relèvent toutefois une coïncidence. Une semaine après cette tricoche devait s’ouvrir un procès en diffamation contre le journaliste coauteur de « L’Espion du Président », livre consacré aux turpitudes de l’ancien patron de la DCRI Bernard Squarcini. Or Malik N. connaît bien l’ex-chef du contre-espionnage, surnommé « le Squale ».
Le 6 octobre 2022, il a d’ailleurs reconnu devant le juge avoir bénéficié de son appui pour son embauche au PSG. Une proximité qui, bien sûr, ne fait pas du Squale un donneur d’ordre.
Étrangement, à ce jour, juges et flics n’ont pas poussé plus avant les investigations. Mais, après avoir appris les touchantes attentions dont il faisait l’objet, le journaliste ciblé a décidé de porter plainte devant le parquet de Paris. Cela rendra-t-il les enquêteurs plus curieux ?
Jérôme Canard le Canard enchaîné. 30/11/2022