Au sujet du logiciel «espion» d’Israël ; Pégassus

Avec Pegasus, Israël tisse son internationale répressive

Dans le sillage du scandale d’espionnage mondial, Tel-Aviv met sur pied une commission chargée de réviser les licences d’exportation dans le domaine de la cybertechnologie. Des outils qui servent sa stratégie diplomatique et commerciale.

Lourde atmosphère sur la Silicon Wadi. Dans l’œil du cyclone depuis les révélations autour du scandale d’espionnage mondial lié au logiciel Pegasus, le pôle des industries de pointe israéliennes craint de voir la sulfureuse image de la start-up NSO rejaillir sur l’ensemble des entreprises de la vallée de l’innovation. Même atmosphère dans les coulisses du pouvoir, où on tente coûte que coûte de limiter les répliques de l’affaire.

Il est désormais avéré que NSO a pu signer les contrats avec des pays tiers grâce à la validation d’une commission dirigée par le ministère de la Défense et les services de renseignements extérieurs, le Mossad. Et pour cause, le mécanisme d’évaluation des pays acheteurs du programme de surveillance, dont le président Emmanuel Macron est une cible potentielle, est classé « secret d’État ».

Les contorsions de Benny Gantz

Parmi les salariés de NSO, d’anciens membres des unités d’élite de renseignement de l’armée. « Les pays qui acquièrent ces systèmes doivent respecter leurs engagements stipulés dans la licence. Nous étudions en ce moment les informations publiées à ce sujet », s’est contorsionné le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz. L’exécutif a ainsi nommé une équipe spéciale, pilotée par plusieurs agences, afin de parer à l’urgence et réviser, le cas échéant, les licences d’exportation dans le domaine de la cybertechnologie.

Le PDG de NSO, Shalev Hulio, persiste toutefois dans le déni : « Pour moi, ce n’est qu’un tissu de mensonges. Nous travaillons à l’heure actuelle avec 45 pays. Et, en l’espace de onze ans, nous avons refusé de coopérer avec 90 pays. Oui, 90 pays. » Quels sont ces indésirables quand les « clients » de l’entreprise sont précisément aux antipodes de l’exemplarité en matière de respect des libertés et des droits humains ? L’Inde des pogroms antimusulmans et de la chasse aux journalistes d’investigation ? Le Maroc, où l’usage de la torture a été condamné par l’ONU ? La Hongrie, la Turquie, le Rwanda ? Tous font partie de la liste des pays utilisateurs de Pegasus.

Il apparaît en réalité qu’Israël a monnayé et validé ces contrats au gré de ses alliances et de ses ambitions géopolitiques.

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Lina Sankari, Rosa Moussaoui, L’Humanité, Titre original : « Espionnage : Avec Pegasus, Israël tisse son internationale répressive ». Source (Extraits)

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« Projet Pegasus » : Médiapart a été espionné par le Maroc

En 2019 et 2020, les téléphones portables de nos journalistes Lénaïg Bredoux et Edwy Plenel ont été infectés par le logiciel espion Pegasus, actionné par des services secrets marocains. Nous déposons plainte auprès du procureur de la République de Paris.

Les numéros des téléphones portables de Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel figurent parmi les dix mille que les services secrets du Maroc ont ciblés en utilisant le logiciel espion fourni par la société israélienne NSO. Pendant plusieurs mois, l’appareil répressif du royaume chérifien a ainsi violé l’intimité privée de deux journalistes, porté atteinte au métier d’informer et à la liberté de la presse, volé et exploité des données personnelles et professionnelles. Aucun autre téléphone d’un membre de l’équipe de Mediapart n’a été espionné.

Des vérifications techniques approfondies, réalisées avec leur accord sur leurs téléphones par le Security Lab d’Amnesty International, partenaire de l’investigation internationale coordonnée par Forbidden Stories, ont permis d’établir avec précision les dates de cette surveillance. Elle a commencé le 23 février 2019 pour le téléphone de Lénaïg Bredoux, qui enquête notamment sur les violences sexistes et sexuelles, devenue notre responsable éditoriale aux questions de genre. Cet espionnage s’est poursuivi jusqu’au 1er juillet 2019, avant de reprendre, avec plus d’intensité, du 8 juillet 2019 au 27 mai 2020. Dans le cas du téléphone d’Edwy Plenel, l’infection par le logiciel espion Pegasus a duré deux mois, du 5 juillet au 5 septembre 2019.

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19 juillet 2021 – Par : La rédaction de Médiapart – Source (Extraits)

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« Il y a une démocratisation de l’espionnage »

Pascal Boniface, directeur et fondateur de l’Iris, est invité dans le 23h de franceinfo mercredi 21 juillet.

« Tous les dirigeants politiques seront comptables devant leurs électeurs ou leur population même dans les pays où on ne vote pas. La façon dont ils ont géré la crise du Covid-19 sera un élément capital pour la légitimité des différents gouvernements », estime Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

L’affaire Pegasus illustre « l’irruption des nouvelles technologies de l’information et communication dans les relations internationales. L’espionnage a toujours existé, mais là, avec ce logiciel, il est facilité », affirme le fondateur de l’Iris mercredi 21 juillet sur franceinfo.

« Un côté trahison » avec le Maroc

Le Maroc est accusé. « Maintenant, des puissances moyennes peuvent avoir accès à ces technologies qui étaient auparavant l’apanage des grandes puissances. Il y a une démocratisation de l’espionnage. Là, le Maroc a été pris la main dans le sac. Son démenti ne résiste pas réellement à l’examen des réalités. Le Maroc est un pays très lié à la France, il y a le côté trahison ou surprise qui joue beaucoup plus », souligne l’auteur du livre Géopolitique de l’intelligence artificielle.

« Ces nouvelles technologies sont utiles, elles permettent la liberté d’information notamment, mais il y a des abus. J’espère que cette affaire fera naître une régulation. Il y a un combat pour les libertés à mener. Les sociétés civiles et les médias qui ont révélé ce scandale doivent jouer leur rôle« , conclut Pascal Boniface.


P. Loison – franceinfo – France Télévisions – Source (Extraits)


Juste une observation… qui pourra croire, qu’Israël est le seul état pratiquant de l’espionnage !!! Souvenons-nous du scandale du Raimbow Warior… entre autres. MC

Une réflexion sur “Au sujet du logiciel «espion» d’Israël ; Pégassus

  1. jjbey 24/07/2021 / 19h01

    On vit un monde merveilleux où chacun se méfie de tout le monde c’est grandes tapes dans le dos par devant et crache à la gueule par derrière.

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