Apple est chinois, de facto !

Apple est l’entreprise « la plus » la plus rentable, la plus valorisée, la plus riche au monde. La plus cool, également. Mais c’est aussi l’entreprise la plus faux-cul qui soit.

Car cette formidable réussite a été réalisée en obéissant aux moindres désirs du gouvernement chinois — en matière de liberté d’expression, mais aussi de protection des libertés individuelles, deux thèmes dont Apple est pourtant censé être le champion.

Ce double discours a été découvert par le New York Times, au terme d’une formidable enquête. Laquelle raconte l’histoire d’une ironie tragique : à l’origine, Apple voulait se servir de la Chine. À l’arrivée, c’est la Chine qui s’est servie d’Apple…

Au fil des ans, la firme à la pomme est devenue complètement dépendante des usines chinoises, les seules à pouvoir fabriquer les composants nécessaires aux iPhone et autres iPad.

L’esclave est devenu le maître, le sous-traitant est passé donneur d’ordre. Quant au marché chinois, pas la peine de souligner son importance. Alors, Xi Jumping a fait pression sur Tim Cook, le patron d’Apple.

L’enjeu ? L’obliger à stocker en Chine les datas des utilisateurs chinois, autrement dit à les rendre accessibles au gouvernement. Et, pour ne rien gâcher, Apple a aussi accepté de supprimer des applications qui dérangeaient le régime.

Le combat pour la liberté d’expression, au XXIᵉ siècle, se déroule d’abord dans nos smartphones.

D’aucuns ont été virés du paradis pour avoir croqué la pomme ; le gouvernement chinois, lui, l’a entièrement dévorée.


Guillaume Erner. Charlie hebdo. 23/06/2021