La CPI fait éclater l’Europe

Au Moyen-Orient, l’histoire avance plus vite que l’élaboration des consensus européens. L’Union avait réussi fin mars, après bien des atermoiements, à adopter une position commune sur le conflit entre Israël et le Hamas. Las, les déclarations du procureur de la CPI ont brisé l’apparence d’unité.

« Équivalence » ou pas ? Assez vite, au-delà des prudences diplomatiques, les 27 se sont divisés sur deux positions. La première est la condamnation du parallèle que paraît établir la CPI entre Israël et le Hamas. L’Allemagne pointait « l’impression erronée d’une équivalence », l’Autriche regrettait que les deux belligérants soient cités « en même temps ».

Et l’Italie a jugé mardi « absolument inacceptable de mettre sur le même plan le Hamas et Israël, les chefs du groupe terroriste qui a lancé la guerre à Gaza massacrant des citoyens innocents et les chefs du gouvernement élu par le peuple israélien », pour citer son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani.

L’autre position est la défense de l’indépendance de la CPI, donc en creux sa décision. Elle a notamment été celle du ministre des Affaires étrangères de PUE, Josep Borell, qui a rappelé l’obligation des États d’exécuter les sanctions décidées par la Cour. Il était ainsi au diapason du gouvernement de son pays, l’Espagne, de l’Irlande ou encore de la Belgique.

À noter que le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez devrait annoncer ce mercredi la prochaine reconnaissance de l’État palestinien, suivi par l’Irlande, la Slovénie et Malte. À ce jour, au sein de l’Union, l’État palestinien n’est reconnu que par les anciens États du bloc soviétique et par la Suède.

La France oscille

Et la France ? Elle a oscillé. Elle a dans un premier temps affirmé qu’elle « soutient la Cour pénale internationale, son indépendance et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations », sur la ligne de l’Espagne. Puis, elle a semblé rejoindre mardi la ligne de l’Allemagne et l’Italie par la voix de son ministre des Affaires étrangères en rejetant toute « équivalence » et en opposant « un groupe terroriste qui s’est félicité des attentats du 7 octobre, qui les a revendiqués également de manière assumée », et un « État démocratique, Israël, qui doit respecter le droit international dans la conduite d’une guerre qu’il n’a pas déclenchée lui-même ».

Ces divisions n’ont rien d’étonnant. L’Europe les avait étalées dès le lendemain de l’attaque du 7 octobre, et au plus haut niveau : tandis que la présidente de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen, volait vers Israël pour condamner le Hamas sans un mot envers les civils palestiniens, l’Espagnol Josep Borell condamnait « certaines décisions (d’Israël) contraires au droit international ».

Depuis, la tension entre les positions demeure. Fin mars, le Conseil européen accouchait d’un laborieux compromis appelant à « une pause humanitaire immédiate devant conduire à un cessez-le-feu durable » — les partisans d’Israël rejetant l’appel à un cessez-le-feu immédiat réclamé par les autres.


Francis Brochet. Le Dauphiné Libéré. 22/05/2024


Une réflexion sur “La CPI fait éclater l’Europe

  1. tatchou92 23/05/2024 / 17h59

    … et les enfants, les femmes et vieillards de Gaza continueront de mourir ou d’être très grièvement blessés, de dormir dans la rue, les gravats, les secours manquant, l’alimentation bloqué, les hôpitaux démunis,
    C’est pour quand la Paix, les négociations ?

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