Polanski, l’affaire de trop ?

Le témoignage de Valentine Monnier vient s’ajouter à la liste d’accusations de viol dont fait l’objet le réalisateur. Il pourrait, enfin, entraver sa carrière.

« Est-ce tenable, sous prétexte d’un film, d’entendre dire “j’accuse” par celui qui vous a marquée au fer, alors qu’il vous est interdit à vous, victime, de l’accuser ? » interroge Valentine Monnier dans le Parisien, où elle a révélé vendredi avoir été violée par Roman Polanski en 1975, alors qu’elle avait 18 ans.

« Ce fut d’une extrême violence, après une descente de ski, dans son chalet, à Gstaad. Il me frappa, roua de coups jusqu’à ma reddition, puis me viola en me faisant subir toutes les vicissitudes », raconte cette fille d’industriels alsaciens, alors mannequin et comédienne.

À quelques jours de la sortie de J’accuse, grand prix du jury à la Mostra de Venise, qui porte sur la célèbre erreur judiciaire dont a été victime le capitaine Dreyfus, Valentine Monnier ne pouvait plus se taire […] Le déclic a été d’entendre son agresseur comparer dans une interview son cas à celui du héros de son film, victime d’acharnement judiciaire et livré à la vindicte populaire.

De fait, Roman Polanski est poursuivi par la justice américaine depuis 1977 pour avoir eu des relations sexuelles illégales avec Samantha Geimer, âgée de 13 ans. En réalité, il avait drogué puis violé la jeune fille. Mais, à la suite d’un accord avec le juge, Polanski ne sera condamné qu’à 90 jours de prison et libéré au bout de 42.

Estimant la sentence insuffisante, la justice américaine décide cependant de le poursuivre, ce qui motive la fuite du réalisateur en France, en 1978.

Depuis, d’autres femmes ont parlé. […] En tout, une dizaine de femmes l’accusent. Pour toutes, les faits sont prescrits. C’est le cas aussi pour Valentine Monnier, qui n’a d’ailleurs pas déposé plainte. […]

Dans un courrier, Marlène Schiappa assure compatir à sa douleur, tout en soulignant que « les faits sont prescrits pour la justice française ». C’est aussi ce que pointe l’avocat de Roman Polanski, précisant que ces faits allégués « n’ont jamais été portés à la connaissance de l’autorité judiciaire », avant de se faire la porte-parole de son client, qui « conteste fermement toute accusation de viol ». Des dénégations qui, si elles avaient jusqu’alors réussi à convaincre ses pairs, sont cette fois accueillies dans un silence gêné. Jean Dujardin, acteur principal de J’accuse, a annulé sa venue au 20 heures de TF1, dimanche, et Emmanuelle Seigner, qui joue dans le film, ne viendra pas plus dans l’émission Boomerang sur France Inter.


Eugénie Barbezat. L’Humanité. Titre original : «Violences sexuelles. Polanski, l’affaire de trop ? ». Source (extrait)


Une réflexion sur “Polanski, l’affaire de trop ?

  1. jjbey 12/11/2019 / 18h15

    Rien ne peut excuser ce type de comportement.
    L’amour doit rester un partage entre deux êtres qui veulent se faire mutuellement plaisir et vivre un échange merveilleux.

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