Des conflits d’intérêts odieux à Bruxelles, mais pas à Paris
C’est la France qui, pour une grande part, a obtenu la tête de la chercheuse américaine Fiona Scott Morton Choisie pour devenir économiste en chef de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne (avec effet au 1ᵉʳ septembre), cette ex-consultante a finalement renoncé à ses nouvelles fonctions, mercredi 19 juillet.
Après Thierry Breton, le commissaire au Marché intérieur, et Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, c’est Emmanuel Macron qui, le 18, lui a jeté la dernière pierre, en marge d’un déplacement dans la capitale belge. « N’y a-t-il aucun grand chercheur européen ayant des compétences académiques qui permettraient de faire ce travail ? » s’est-il interrogé devant la presse.
Question pertinente à Bruxelles, mais aussi à Paris, où le poste d’économiste en chef de l’autorité de la concurrence est occupé par… le Malaisien Eshien Chong !
Après trois années passées à Hongkong, ce dernier a été nommé en 2022 sans susciter de débat.
Le chef de l’État a également ciblé les liens de l’économiste américaine avec Microsoft, Apple, Amazon ou Pfizer, qui l’auraient obligée à se mettre en retrait sur toute décision concernant ces entreprises – Une situation qui « rend quand même assez inopérant ce pourquoi on l’embauche (sic) », a-t-il tranché.
Macron s’était montré moins sourcilleux quand, en 2022, il avait nommé Stanislas Guerini – dont l’épouse dirige la stratégie de Google Cloud France – au poste de ministre de la Fonction publique, chargé, notamment, de la transformation numérique de l’administration.
Ou lorsqu’il avait fait de Jean-Noël Barrot – ex-prof au MIT de Boston, dont la sœur travaille pour Uber – son ministre délégué chargé de la Transition numérique.
L’un et l’autre sont contraints, par décret, de se « déporter » sur tous les dossiers relatifs aux deux géants américains.
Mais ils étaient sans doute les seuls à avoir les « compétences » pour « faire ce travail »
Article signé des initiales J.C. Le Canard 26/07/2023
🤐🤪🥳
Oui Macron n’est pas un exemple de probité, mais c’est inquiétant de voir que l’UE ne fait pas confiance à ses propres citoyens, ce qui révèle la force des lobbies étrangers.