Une certaine histoire…

Le pire contre-attaque est-elle l’actuelle ?

D’un tempérament chatouilleux, les Israélites de l’Antiquité supportaient mal que leur territoire soit sous contrôle romain.

Pourtant l’administration impériale n’était pas vache avec eux, au contraire : elle tolérait même leurs lubies hébraïques, au nom desquelles ils s’obstinaient à ne vénérer que leur dieu à eux et donc refusaient le culte obligatoire de Rome et de l’Empereur. Voyez-vous ça.

C’était la seule petite contrainte religieuse imposée aux peuples des provinces, qui à part ça restaient libres d’adorer qui bon leur semblait et comme ça leur chantait.

Franchement ce n’était pas si terrible et d’ailleurs tout le monde s’y était fait. Sauf les Juifs, qui n’en démordaient pas : leur dieu exclusif et d’autre, et les divinités impériales étaient des idoles, et pas question de les révérer, et patati et patata.

Rome leur fit-elle des misères ?

Pas du tout : elle les dispensa officiellement du culte officiel ce qui constituait un cas unique. Sympa tout de même. Mais au lieu de s’estimer heureux, quantité d’israélites continuaient à faire les mauvaises têtes.

Entre les années 50 avant et 130 après l’actuel tenant du titre, plusieurs « messies » plus ou moins autoproclamés s’agitèrent en prétendant rétablir un légendaire « Royaume de Dieu » débarrassés des Romains. Lesquels réagirent en crucifiant ces casse-pieds, parfois avec leurs adeptes pour faire bonne mesure

Il ne fallait pas chatouiller Titus et Hadrien

Mais au-delà de ces toquades mystiques, des factions israélites lancèrent aussi des révoltes armées en bonne et due forme, avec émeutes, attentats, carnages et tout le tralala. Dans ces cas-là, Rome cessa de rire, fit donner les légions et écrasa les soulèvements sans faire dans la dentelle.

C’est ainsi qu’en l’an 70, le futur empereur Titus rasa Jérusalem, détruisit le Temple hébraïque après avoir pillé sa clinquante panoplie, puis fit exécuter des milliers de captifs juifs au cours de spectacles populaires.

Telle était la réponse romaine à une rébellion déclenchée quatre ans plus tôt par un courant juif fanatique, les Zélotes, et par leur frange terroriste « sicaire », ainsi nommée parce que ses affiliés trucidaient les gens à la Sica (c’est du latin et ça veut dire « poignard » ).

Après cette cuisante pâtée, les Israélites avaient-ils pigé la leçon ?

Pensez donc : de 115 à 117, de nouveaux messies fomentèrent des insurrections en diverses villes d’Orient avec massacres d’habitante et saccages variés.

Et là encore, l’armée romaine éteignit la flambée de violence au gré d’une répression résolument massive.

Était-ce fini ?

Que nenni : en 132, un autre messie zélote nommé Simon bar Kokhba « souleva la province romaine de Judée. Ayant par surprise, liquidé une légion avec ses amanites, soit 10 000 troufions, les insurgés juifs se lancèrent dans la guérilla, visant les points stratégiques en raids éclair.

Selon l’historien romain Dion Cassius, ils se servaient d’un vaste réseau de tunnels et de caches souterraines pour se déplacer à couvert et se planquer après les attaques. Ils parvinrent même à s’emparer de Jérusalem et à proclamer un État juif.

Pas pour longtemps : énervé, l’empereur Hadrien mit le paquet, mobilisant douze légions dont le général en chef ne fit pas de quartiers.

Ayant prestement repris et dévasté la capitale, il opta pour la terre brûlée, enfermant les poches rebelles dans le désert et leur coupant les vivres avant de bouchoyer les survivants, combattants et civils en vrac, femmes et enfants compris.

« On égorgea tant de Juifs que les chevaux pataugeaient dans le sang jusqu’aux naseaux ; la mer en était rougie jusqu’à quatre milles au large », relate Dion Cassius. C’est qu’en ces temps barbares, il n’y avait ni droit de la guerre ni droits humains : fortement disproportionnées, les représailles étaient sauvages et généralisées, et les chefs romains trouvaient ça tout à fait normal.

Netanyahou aussi.


Laurent Flutsch. Revue Vigousse. 10 Nov 2023


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