Présomptions

En ces temps anciens, l’utilisation de fioritures…

Des femmes qui montrent leurs seins
Leurs tétins, leurs poitrines froides,
On doit présumer que tels saints
Demandent que chandelles roides.

D’une qui se fourre en ces trous
Sur le soir, quand la lune luit ?
Elle chasse les loups-garous
Et les chassesmarées de nuit.

Femme qui aime le lopin,
Le vin et les friands morceaux
C’est un droit abreuvoir Popin
Chacun fourre ses chevaux

Quand femme sèche, noire et maigre
Qui veut d’amour suivre le trac
On dit que c’est un fort vinaigre
Pour gâter un bon estomac.

Femme qui souvent se regarde
Et polit ainsi son collet,
C’est présomption qu’il lui tarde
Qu’ell’ fasse le saut Michelet.

Femme qui en ses jeunes saulx
A aimé le jeu, un petit
Le mortier sent toujours les aulx :
Encor y prend-elle appétit

Femme qui va de nuit sans torche
Et dit à chacun : « tu l’auras » ?
Elle est digne à peupler un porche
Et mener quelques vieux haras.

Femme qui met quand ell’ s’habille
Trois heures à être coiffée ?
C’est signe qu’il lui faut l’étrille,
Pour être mieux enharnachée.

Si femme qui est du métier
Appelle une autre sa compagne,
Elle a sa part au bénoitier
C’est la coutume de Champagne

Femme qui le corps se renverse,
Que doit-on d’elle présumer ?
Telle charrette souvent verse,
Par faute de bon limonier.

Femme qui a robe devant
Fendue, qui se ferme à crochet ?
Elle peut bien porter enfants,
Car elle aime bien le hochet.


Guillaume Coquillard. 1421 – 151. Anthologie de Marcel Béalu « Poésie érotique » Ed. Seghers.


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