Est-ce ainsi que l’on parle au Secrétaire général de l’ONU ?
La scène se passe mardi dernier, 25 octobre 2023, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) en présence du ministre israélien des Affaires étrangères.
M. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, après avoir déclaré avec netteté que « les souffrances du peuple palestinien ne peuvent justifier les terribles attaques du Hamas », déploie des trésors d’énergie pour obtenir de la part du gouvernement israélien ne serait-ce qu’une trêve humanitaire à Gaza et la préservation des civils. Le diplomate expose des photos illustrant ce qu’il qualifie de « claires violations du droit humanitaires à Gaza ».
C’est là que M. Eli Cohen, chef de la diplomatie israélienne, tel un matamore, aussi discourtois qu’agressif et dominateur, lui assène : « Monsieur le Secrétaire général, dans quel monde vivez-vous ? »
Puis ajoutant que M. Guterres « voit le massacre commis par les terroristes nazis du Hamas de manière déformée et immorale », il va jusqu’à apposer au nom du premier responsable de l’ONU une complaisance avec l’Holocauste.
Puis l’ambassadeur israélien à l’ONU, M. Gilad Erdan, se met à dénoncer sur les réseaux sociaux « le discours choquant d’Antonio Guterres » allant jusqu’à l’accuser d’être « compréhensif face au terrorisme et aux meurtres » du Hamas.
- Nous y voilà :
Voici ici, concentrées, les grandes problématiques de la guerre idéologique qui sous-tend la guerre contre le peuple palestinien débuté il y a… 75 ans.
Parce qu’il est activement soutenu par l’impérium nord-américain, l’État d’Israël et ses faucons peuvent se comporter ainsi et bafouer toutes les résolutions des Nations unies pour la paix et la justice au Proche-Orient.
Il le fait après que le ministre de la Sécurité nationale a pu il y a quelques semaines vociférer : « Il n’y a pas de Palestiniens, car il n’y a pas de peuple palestinien ».
Ce même ministre a fait d’un colon qui a assassiné 29 Palestiniens priant au tombeau des patriarches à Hébron, un héros national.
Voilà le monde de l’extrême droite israélienne.
- Mais, il est vrai que la question de savoir dans quel monde nous vivons réellement est intéressante.
Est-ce un monde qui défend les droits humains consacrés par l’ONU pour l’édification permanente de notre humanité commune ? Ou est-ce ce monde où la défense des droits humains et de ceux des peuples ne peut être invoquée que lorsqu’elle correspond à la protection des intérêts des nations les plus puissantes de la planète ? Ce monde dans lequel Israël est considéré comme la pointe avancée du capitalisme occidental pour contrôler le Proche et Moyen-Orient ?
Est-ce un monde qui reconnaît le droit à l’auto-détermination de chaque peuple, de chaque nation ? Ou est-ce ce monde où la domination du fort sur le faible est acceptée en vue d’être à terme occultée ?
Est-ce un monde où le déplacement forcé d’environ un million de personnes, privé d’eau, de nourriture, d’électricité doit être condamné et empêché ? Ou bien un monde où les Palestiniens paient, au prix de leur sang versé et de leurs vies, le tribut d’une histoire avec laquelle ils n’ont rien à voir. Car, rappelons que le monde arabe n’est pour rien dans le génocide des juifs d’Europe. Au nom de quelle morale, de quelle mémoire, de quelle justice cette même Europe s’alignant sur les États-Unis laisse-t-elle un État colonial surarmé occuper illégalement la Cisjordanie et Gaza pour y mener une politique de « développement séparé » qui a pour nom apartheid ?
Est-ce un monde vivable que celui qui fait de la politique « du deux poids, deux mesures » sa nouvelle Bible ?
La lettre de Patrick Le Hyaric. 05/11/2023. Source (Extraits)
Les propos tenus ci-dessus, appartiennent à son auteur.
Libre à chacun de les interpréter ou récuser. MC