Pour Alain Belier (librairie luciole à Vienne) : « Seul, le Goncourt excite les acheteurs »
A chaque fois, qu’il y a un conflit majeur, les gens lisent moins, la réalité l’emporte sur la fiction et ils ont plus de mal à se concentrer.
Le rôle d’un libraire est donc d’autant plus important dans la période que l’on est en train de vivre, avec cette espèce de noirceur qui nous entoure. Car dans cette noirceur, il faut apprendre aux gens à réfléchir, à avoir du discernement et à s’évader. Et le livre permet tout ça.
Alors en tant que libraire, il faut être ambassadeur de cet outil qui n’a pas d’égal. Le livre est dans un temps long qui incite à la réflexion. On ne peut pas lire un livre comme on lit une brève sur inter-net. Il faut se poser, prendre le temps. Et un libraire, c’est un passeur, quelqu’un qui transmet.
Pour cela, on essaie de lire le plus de romans possibles, au moins 200 sur les 466 fictions de la rentrée littéraire, afin de proposer à nos lecteurs nos propres choix. Il faut rappeler que les livres de poche assurent la globalité des ventes de la littérature. Ce qui signifie qu’il y a beaucoup de livres en grand format qui ne trouvent pas preneur.
Il n’y a que le Goncourt qui excite les acheteurs, les autres prix excitent plutôt les éditeurs, les auteurs, les journalistes, mais pas vraiment le commun des lecteurs. Il faut donc relativiser l’importance de tous ces prix. Même si une distinction peut aider à mettre de la lumière sur des ouvrages.
Le Goncourt, c’est vraiment autre chose. Car même un Goncourt qui se vend un peu moins, comme celui de l’année dernière, atteint presque les 300 000 exemplaires. Il faudrait en revanche savoir une chose : si ces gens n’achetaient pas le Goncourt, est-ce qu’ils achèteraient un autre livre ? C’est le livre le plus acheté, le plus offert, mais est-ce que c’est le plus lu ?
On dit en effet que beaucoup de gens achètent le Goncourt sans forcément le lire. Le record absolu était jusque-là détenu par l’Amant de Marguerite Duras, avec plus d’1,5 millions d’exemplaires. Mais l’Anomalie d’Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020, est en train de le dépasser.
Le marché du livre aujourd’hui est compliqué mais il faut s’efforcer d’être un peu optimiste. Libraire, c’est un métier de résilience, il y a toujours une bataille à gagner. Les chiffres ne sont pas très bons. Les librairies sont pratiquement au même niveau de ventes que l’année dernière, sauf que le livre a augmenté de 4,5 % avec la hausse du prix du papier notamment. Logiquement, on aurait dû nous aussi augmenter notre chiffre d’affaires de 4,5 %, si on avait vendu à volume égal, mais au niveau national, on est sur un chiffre stagnant, voir en recul. Alors ce n’est pas simple.
On a de moins en moins de grands lecteurs et on doit faire face à l’inflation, au pouvoir d’achat en berne… Le livre grand format connaît une période difficile, notamment pour la littérature étrangère. Aujourd’hui, on a des ventes quasiment divisées par dix. Ce qui signifie qu’à 3 000 exemplaires vendus, on considère que le bouquin a tout de même eu une petite vie, alors qu’il y a six ou sept ans, au-dessous de 30 000 on n’en parlait pas.
Cependant des lectorats changent et des nouveaux rayons débarquent, la new romance, par exemple, qui séduit les jeunes femmes de 15 à 25 ans. Et si les gens franchissent la porte de la librairie, ils pourront peut-être acheter un autre livre. C’est pour ça que c’est toujours bien d’avoir des livres qui sont des points de lumière. Comme peut d’ailleurs le faire le nouvel Astérix.
D’où l’intérêt d’avoir cette année un beau Goncourt qui inciterait les gens à venir le chercher en librairie. Les quatre derniers livres encore en sélection sont de très bons livres. Alors… »
Alain Belier. Le Dauphiné Libéré. 05/11/2023
L’obligation de facturer les frais d’envoi faite aux sites web de vente de livres va permettre aux libraires de récupérer une partie des ventes. Mais faire perdre des ventes pour ceux qui habitent loin d’une librairie.
Il y a bien longtemps que j’ai abandonné l’achat par Internet de mes livres.
Il est vrai aussi que j’ai la chance d’avoir à 7 km de mon lieu de résidence, une libraire, à la fois digne de ce nom, et capable d’obtenir rapidement les livres que je souhaite acquérir.
Il reste pas moins vrai que sa librairie reste ouverte en grande partie, grâce aux estivants l’été, aux ventes de cartes postales – et oui il y a encore des ventes de ce côté-là, ou plutôt des acheteurs – Que visité par des lecteurs dont certains forts heureusement sont de fidèles lecteurs acheteurs mensuellement, voir tous les 15 jours. Pour ma part au moins une fois par mois, je passe commander quatre/cinq livres – romans, essai, de poésies, d’histoires.
Amitiés
Michel