META dans le viseur des États américains
Mardi 24 octobre, 42 États américains ont déposé plainte contre la maison mère de Facebook et Instagram, accusée de nuire à la santé mentale des enfants et des adolescents. Une démarche menée aussi bien par des États démocrates que républicains, mais à l’issue encore incertaine…
Que reproche-t-on à Meta ?
« Meta a exploité des technologies puissantes et sans précédent pour attirer […] et finalement piéger les jeunes et les adolescents afin de faire des profits », assène le document déposé devant un tribunal californien. Résultat d’une investigation entamée il y a deux ans, la plainte se base notamment sur les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen.
Cette ancienne employée de Facebook avait fait fuiter de nombreux documents internes, qui révélaient les stratégies déployées par la firme — quel qu’en soit le prix — pour rendre l’audience toujours plus captive. Des études menées par l’entreprise elle-même pointaient déjà l’impact négatif d’Instagram sur la santé mentale des jeunes utilisatrices…
Est-ce une première ?
Meta s’est dit « déçu que les procureurs généraux aient choisi cette voie au lieu de travailler de manière productive ». Ce n’est pas la première fois que le fondateur de Facebook se retrouve dans le viseur des pouvoirs publics. En 2018, Mark Zuckerberg avait été auditionné par le Congrès américain à la suite, notamment, de soupçons d’ingérence russe dans l’élection présidentielle.
L’année suivante, le réseau social avait été condamné à payer une amende de 5 milliards de dollars (4,43 milliards d’euros) pour avoir mal protégé les données de ses utilisateurs. En janvier dernier, c’est l’Union européenne qui a condamné la plateforme à 390 millions d’euros pour des motifs similaires.
Qu’attendre de la plainte ?
Il n’y a aucun doute que l’algorithme comme le design des applications de Meta (notifications, pushs, contenus éphémères…) sont conçus pour retenir l’attention des utilisateurs le plus longtemps possible. Mais pourra-t-on établir que c’est contraire à la loi ?
Plusieurs passages de la plainte n’ayant pas été dévoilés, il est difficile de savoir si les arguments avancés seront assez solides devant un tribunal. L’une des pistes légales suivies est celle du non-respect du consentement parental pour l’inscription des enfants de moins de 13 ans.
Officiellement interdite, celle-ci reste largement contournée, car uniquement déclarative.
Sophie Gindensperger. Telerama N° 3851 01/11/2023