Au lendemain d’annonces sécuritaires en réponse aux émeutes de l’été, Élisabeth Borne a dévoilé vendredi une seconde salve de mesures pour les quartiers populaires pour y enrayer la concentration de la pauvreté. La Première ministre s’est attirée des critiques de la gauche et du monde associatif.
A l’issue du Comité inter-ministériel des villes (CIV) tenu à Chanteloup-les-Vignes, commune populaire des Yvelines, la Première ministre a dessiné vendredi l’action sociale du gouvernement pour résorber les difficultés des quartiers prioritaires.
La veille, Élisabeth Borne avait fait une première série d’annonces, plutôt sécuritaires, quatre mois après la vague d’émeutes déclenchée par la mort de Nahel,17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre.
À Chanteloup, dont plus de la moitié des habitants vivent dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), Élisabeth Borne a dégainé une mesure-choc : la consigne donnée aux préfets de ne plus attribuer de logements à certains ménages bénéficiant du droit au logement opposable dans ces quartiers, au nom de la mixité sociale.
Le droit au logement opposable modifié
« Toutes les difficultés ne doivent pas être rassemblées au même endroit. La mixité estune chance. Elle est nécessaire », a-t-elle martelé.
Les ménages « Dalo », pour « droit au logement opposable », disposent d’un droit au logement et doivent être prioritaires dans l’attribution de logements sociaux. Près de 35 000 ont obtenu la reconnaissance de ce droit en 2022, et plus de 93 000 restent en attente d’un relogement malgré cette reconnaissance.
Seuls les plus précaires seront concernés par la mesure, a-t-on précisé au ministère du Logement, et se verront octroyer des logements sociaux hors QPV.
La mesure a ulcéré à gauche et au sein des associations contre le mal-logement. « Punir les ménages prioritaires Dalo à cause des émeutes, quel contresens abyssal ! », s’est emporté sur X (ex-Twitter) le directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre, Manuel Domergue.
« Ce qui favoriserait la « mixité sociale », ce serait que les maires voyous qui refusent de respecter la loi SRU [instaurant des quotas de logements sociaux par commune, NDLR] soient sanctionnés sévèrement, et obligés d’en construire », a affirmé sur le même réseau le député LFI François Piquemal.
Des mesures pour l’éducation
Parmi les autres mesures annoncées par Matignon, un programme « Entrepreneuriat Quartiers 2030 » de 456 millions d’euros sur quatre ans, visant à favoriser la création d’entreprises dans les QPV.
L’éducation, priorité selon nombre d’élus, bénéficie de plusieurs mesures : l’extension des cités éducatives, où la prise en charge des élèves est renforcée, et l’ouverture garantie des collèges de 8 à 18 heures dès la rentrée 2024.
Les élus de ces quartiers doivent maintenant négocier avec l’État; d’ici au 31mars prochain, le cadre de la politique de la ville sur leur territoire jusqu’en 2030.
Article non signé lu dans le Dauphiné Libéré du 29 octobre 2023
En un temps incertain Jean-Louis Borloo a proposé aux seigneurs Macron un plan pour la ville qui prit illico le chemin de la poubelle…
Évidemment il coûtait de l’argent, mais résolvait un certain nombre de problèmes qui n’auraient plus place aujourd’hui.
MC