… La Fête des Mères, de Richard Morgiève. Ed Joëlle Losfeld, Roman, 418 pages
Il m’est souvent arrivé – comme tout lecteur, toute lectrice – de m’identifier dans une phrase lue, ou dans un paragraphe, d’y trouver des similitudes, des éveillants-réveillants souvenirs, en rapport direct ou indirect avec les vécus du cours de ma vie.
Selon la quatrième de couverture de ce livre :
« La famille de la haute bourgeoisie versaillaise dans les années 60 : la vipère parfumée à l’Heure Bleue, c’est la mère. Le père banquier est absent, les quatre frères se détestent. Ou bien, ils s’aiment un peu, beaucoup, ils ont faim, car la mère ne veut pas qu’ils mangent. Ils ne sentent pas bon parce qu’elle leur interdit l’eau chaude, et puis à peu près tout, sauf la confession. Jacques se rebelle. Il refuse de faire sa communion solennelle et tombe gravement malade. Il veut vivre. Ce n’est pas si facile. Il faut se battre contre la maladie contre le sort. Il faut garder l’espoir, attendre l’amour qui guérit tout. Pour accomplir ce miracle, Jacques a deux talismans : un trèfle à cinq feuilles et une graine de haricot. Quarante ans plus tard, il raconte son histoire ».
À vrai dire, j’ai eu une autre lecture tout au long du livre. J’ai relié mon vécu en parallèles des lignes et paragraphes de ce bouquin. Que ce soit de ma tendre enfance dont je n’ai que des flashs, en passant par l’adolescence jusqu’à vieillesse venue.
En fait, je ne souhaitais pas terminer ce livre tant la narration a révélé mon vécu passé, éclairci des ombres, rappelé les non-dits, re-soulevés les relations in-fraternelles… mais n’a pas assouvi mes questions sur le « prochain vécu », ce vécu futur… et à moins de lire l’avenir…
Sans doute une curiosité (peut-être malsaine) de personne âgée voyant une fin de vie approchée, certes non programmée et c’est heureux, mais dans l’ordre des choses.
Ce livre dont on ne sait si c’est un roman ou une biographie réelle ou inventée partiellement ou intégralement, n’est pas d’une lecture apaisante tant les sentiments exprimés, sont sans concession. Il y a un éternel conflit relationnel entre les frères, la mère et le père ; un combat pour et par chacun pour exister tant dans la vie que les uns par rapport aux autres ou vis-à-vis des autres.
L’auteur dit à la fin de son livre :
« Il y avait dans son histoire des éléments romanesques qui m’ont happé. Une drôlerie, une tristesse, une allégorie incroyable sur la prédestination, sur le rapport père fils, sa beauté, sa tragédie, ce que le fils partageait de force avec le père, ce qu’il poursuivait consciencieusement ou pas du chemin du père, ce qu’il en rejetait ».
Et personnellement, j’ajouterai : l’inconséquence physique et morale de la mère du roman — avec à la fois des côtés « Folcoche » de « Vipère au poing » — mais aussi une montagne d’indifférences vis-à-vis de sa progéniture, de son époux et un plein d’égoïsme maladif.

Mon vécu est différent mon père m’a répété des centaines de fois qu’il n’était mon père que parce qu’il était le mari de ma mère. Et il a rajouté, plus tard, que je fatigais ma mère, pour justifier que je ne passais jamais les vacances avec mes parents mon frère et mes soeurs. Alors je ne lis plus d’histoire d’enfance. Ça me fatigue.
Eh bien, vois-tu Bernard, peut-être, qu’en lisant ce livre tu serais surpris qu’il puisse y avoir des parallèles avec des vécus personnels, du moins tels qu’ils transparaissent à travers ton commentaire.
En tout cas, à titre personnel, il a réveillé ce que je voulais faire depuis longtemps, écrire, mettre des mots sur mon enfance, sur l’absence : de relationnel, de liens, de liants mère-père-entre enfants ou comportementale suggestif et réel, pour comprendre ce que je suis, ce que je dis, mon comportement d’une manière générale.
Un positionnement bizarre, j’en conviens et contraire à ma logique anti psy, sauf si j’arrive au résultat escompté à me connaitre vraiment.
Amitiés
Michel