Parallèle osé… ou non ?

Alors que les extrémistes islamiques se manifestent dans notre pays et dans le monde, une congrégation extrémiste catholique qualifiée de sectaire, entend dicter sa loi en 07, au mépris tant de la justice que la position du Vatican contre le projet de basilique

Un grand complexe religieux déchire un petit village de 400 habitants

Tout commence lorsque la FMND, créée en 1946, décide de construire un important complexe religieux dans le village, pour un montant de 177 millions d’euros. La congrégation

17,7 millions d’euros. La congrégation souhaite y créer une aire de dépose d’autocars et des bâtiments d’accueil. Mais surtout, le chantier prévoit la construction d’une basilique pouvant accueillir jusqu’à 3 500 fidèles et une passerelle au-dessus de la rivière la Bourges pour y accéder.

À titre de comparaison, l’édifice religieux pourrait recevoir dans cette commune de 400 habitants, plus de monde que la cathédrale de Chartres (2 800 places) ou que la basilique du Sacré-Coeur à Paris (1700).

« Actuellement, nous sommes obligés de retransmettre la messe sur un écran », argumentait la congrégation en début d’année dans nos colonnes pour justifier l’ampleur du projet.

À la fin de l’année 2018 la FMND obtient l’accord de la préfecture de l’Ardèche pour débuter le chantier. Mais la décision passe mal.

Une association, Pour l’Avenir de la vallée de la Bourges, regroupant des riverains, des militants et des élus, voit le jour pour dénoncer le permis de construire, sans étude environnementale approfondie sur les quatre saisons, alors que le complexe religieux est implanté dans un parc naturel régional.

Une mobilisation importante prend forme durant plusieurs mois et parvient à stopper les travaux. Dans le village, les habitants se divisent. Certains apportent leur soutien à la congrégation quand d’autres placardent des panneaux sur leur maison pour dénoncer le projet. Plusieurs démarches juridiques sont alors entamées par la principale association d’opposants.

En parallèle, la FMND se fait épingler pour « dérives sectaires » dans un rapport ministériel datant de 2019 et basé sur le témoignage de parents de fidèles.

Le Vatican ira même jusqu’à nommer un assistant apostolique pour enquêter sur les agissements de la congrégation, tout en se positionnant contre le projet de basilique.

La construction de cette dernière est donc pour l’instant suspendue.

Mais la congrégation demeure déterminée.

Après plusieurs procédures juridiques, le chantier des bâtiments d’accueil peut reprendre lundi 9 octobre 2023. Aussitôt, les opposants passent à l’action. Une plainte est déposée pour destruction d’habitat et d’espèce protégée. Au coeur de la bataille ? Le Réséda de Jacquin, une espèce végétale protégée dont la présence a été constatée sur la parcelle par l’office français de la biodiversité.

Pour empêcher la destruction du biotope, les opposants ne voient qu’une solution : l’occupation du chantier, comme ils l’avaient déjà fait trois ans plus tôt.

À l’aube de ce jeudi 12 octobre, un petit groupe se faufile sur le terrain. Deux d’entre-deux s’attachent à la pelleteuse. Les travaux sont interrompus et un agent des forces de l’ordre se mue en négociateur mais se heurte à un dialogue de sourds.

La Famille missionnaire ne cède pas, ni les opposants.

Alors que des membres de la congrégation montent la garde pour tenter de dissuader toute tentative d’intrusion sur le chantier, la tension monte d’un cran, allant jusqu’à des affrontements physiques entre les deux camps en ce début de semaine.

Même si les forces de l’ordre sont présentes, c’est finalement l’entreprise de BTP elle-même qui décide d’interrompre ses travaux afin de se consacrer à d’autres chantiers.

La préfète de l’Ardèche, Sophie Elizéon, appelle au calme et à la responsabilité de chacun, condamnant « avec la plus grande fermeté les agissements des personnes qui enfreignent la loi, qui se sont livrées à des violences et ont provoqué des atteintes aux biens. Force doit rester et restera à la loi. » Elle va tenter, jeudi 19 octobre 2023, d’apaiser la situation lors de deux réunions prévues avec l’ensemble des parties prenantes.

Avec cette délicate mission d’arbitrer un « match » qui dure depuis bientôt cinq ans déjà.


Anthony Gonzalez et Priscilla Cathalan (extraits) le Dauphiné Libéré. 19/10/2023


Une réflexion sur “Parallèle osé… ou non ?

  1. Bernard 20/10/2023 / 8h40

    Mais comment une petite congrégation peut-elle trouver une pareille somme pour ces travaux ?

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