Plus de 150 000 roquettes sol-sol de tous types, une panoplie de drones-suicides, dont certains valent 20 000 dollars pièce, la plupart d’origine iranienne, et des missiles antichars : tel est le stock d’armes amassées en secret par le Hamas et le Hezbollah, d’après le renseignement militaire américain. Ces roquettes sont autant de « bombes volantes », car « non guidées et imprécises », explique un expert, sidéré que cet arsenal « terrifiant » ait pu être constitué à la barbe des Israéliens.
Aux efforts diplomatiques de Biden pour éviter un carnage à Gaza et l’embrasement de la région s’ajoute une démonstration de force afin de dissuader l’Iran d’ouvrir un second front, via le Hezbollah libanais.
Cauchemar aux frontières
Deux porte-avions avec leurs 150 avions de combat, des navires d’escorte — avec à bord 2 400 commandos de marines — ont été envoyés en Méditerranée orientale. Preuve du pessimisme américain, il est prévu qu’ils y restent jusqu’en mai 2024.
Le Pentagone a placé en « vigilance opérationnelle » plusieurs de ses bases aériennes en Europe, et des industriels US ont été priés d’accélérer la livraison à Israël de bombes de haute précision. Enfin, plusieurs dizaines d’officiers ont été envoyés auprès du haut-commandement israélien afin d’y constituer une « cellule Opérations spéciales ».
Sa mission ? Recueillir des renseignements et les analyser en fonction de la conduite des représailles. « Les techniciens américains croient toujours à la supériorité de l’électronique », grince un militaire français. La régionalisation de la guerre, que les USA veulent éviter, est l’un des rêves du Hamas et de ses « parrains ».
La sophistication des attaques du 7 octobre trahit l’implication de l’un d’eux, l’Iran, voire de la Russie, dont le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a reçu, selon le « Washington Post », « au moins cinq fois des responsables du Hamas, la dernière en mars 2023 ».
En organisant sa riposte, Israël n’est-il pas tombé dans un piège ?
La contre-attaque lancée à Gaza apparaît déjà comme une impasse sanglante. Les Gazaouis, qui survivent dans des conditions sordides sur une étroite bande de terre, ont été sacrifiés par le Hamas et sommés de mourir dans l’ « intérêt de la cause ».
Sacrifiés, ils le sont aussi par les Israéliens, qui doublent leur erreur stratégique de crimes de guerre. S’en prendre à la population civile pour anéantir le Hamas ne semble pas un choix des plus judicieux, ni même du domaine du possible.
Face au terrorisme, il n’existe que des « ripostes militaires », et pas de « solution militaire ».
Claude Angeli. Le Canard enchaîné. 18/11/2023