… a toujours été « LE » programme sioniste
Porte-parole de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Pierre Stambul […] tient pour responsables de l’escalade de violence au Proche-orient la politique coloniale de l’État hébreux et l’impunité systématique que lui accordent les pays occidentaux. […]
Quel regard portez-vous sur la situation à Gaza ?
On est dans une situation qui ressemble de plus en plus à un génocide. J’ai toujours hésité en tant que juif à utiliser ce mot. Mais c’est bien ce à quoi nous assistons. Les images qu’on reçoit depuis Gaza montrent des quartiers entiers détruits, des enfants fouillant dans les débris des souvenirs de ce qui a été leur vie. On compte des milliers de morts.
À Jabaliya, tout près de la frontière nord, Israël a ordonné l’évacuation de l’hôpital qui accueille des milliers de blessés. Des centaines mourront si elle a lieu. L’expulsion en masse de centaines de milliers de Gazaouis vers le Sinaï serait une deuxième Nakba. Si rien n’est fait, on va avoir dans quelques jours des centaines de milliers de réfugiés sous les tentes comme en 1948.
Comme si l’attaque terroriste menée par le Hamas servait finalement de justification au projet de l’extrême droite israélienne…
[…] À Gaza, la population vit sous blocus depuis 17 ans. Les Gazaouis ne peuvent ni importer ni exporter. Ils sont régulièrement bombardés. Il n’y a aucun avenir pour les jeunes. L’attaque du Hamas a été longuement préparée et intervient dans ce contexte d’exaspération. L’État israélien viole allègrement, depuis 56 ans, toutes les résolutions de l’ONU qui lui demandent d’arrêter sa politique coloniale en Palestine. […]
Suite à cette escalade de violence, quel peut être la position du camp de la paix en Israël ?
Plusieurs anticolonialistes israéliens ont eu d’extraordinaires réactions après l’attaque menée par le Hamas. Tous ont des proches ou des amis qui sont morts ou disparus. Ils réagissent finalement un peu comme Nurit Peled-Elhanan, il y a 30 ans, lorsque sa fille a été tuée dans un attentat du Hamas, à Jérusalem.
« Tu obliges nos enfants à être assassins ou assassinés », avait-elle lancé, déjà à l’époque, à l’attention de Netanyahou. Quand une société coloniale n’est pas arrêtée et qu’elle agit en toute impunité, les civils de cette société finissent par en subir les conséquences.
L’attaque du Hamas est honteuse. Ce sont des crimes de guerre. Mais pourquoi croit-on [et relayent-on] l’ONG Amnesty International lorsqu’elle dit que le Hamas commet des crimes de guerre, mais élude sa réponse lorsqu’elle qualifie la société israélienne de régime d’apartheid et de crimes contre l’humanité, ce que l’État israélien fait subir quotidiennement aux Palestiniens ?
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La stratégie du Hamas n’est-elle pas, elle aussi, criminelle ?
La guerre actuelle n’est pas une guerre d’Israël contre le Hamas.
C’est une guerre du gouvernement israélien contre le peuple palestinien tout entier. Le Hamas est arrivé au pouvoir sans majorité absolue. Beaucoup de Gazaouis lui sont opposés. Mais s’il est arrivé au pouvoir, c’est parce qu’Israël et l’occident ont d’abord porté tous leurs coups contre les laïcs, contre l’OLP [laissant croitre de Hamas].
Maintenant que le Hamas est fort, ils portent leurs coups contre le Hamas. C’est l’intérêt d’Israël de ne pas avoir de partenaire pour la paix. Le Hamas a un projet politique que je condamne totalement. Mais s’ils sont arrivés là où ils en sont, c’est essentiellement à cause de l’occupant.
Et si les pays occidentaux soutiennent unanimement l’État d’Israël ce n’est pas dans une guerre contre le Hamas. Ils soutiennent aujourd’hui le projet politique d’un gouvernement fasciste et suprématiste en Israël, qui souhaite annexer la Cisjordanie et vider Gaza de sa population.
C’est ça qui est à l’œuvre et c’est ce contre quoi nous devons nous élever. Il s’agit d’une guerre coloniale. Il y a un occupant et un occupé. […]
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Propos recueillis par Émilien Urbach. Source (Extraits)
Tout à fait d’accord.