Sidération

Oui, « sidération », sans s’être concerté·es, les enseignants et enseignantes interrogé·es par Médiapart emploient toutes et tous ce terme pour traduire leur émotion, après que l’un des leurs a été tué par un terroriste, quasiment trois ans, jour pour jour, après Samuel Paty. « On se dit : “Mais ce n’est pas possible, ça recommence…” », souffle Stéphane Audebaud, professeur de sciences économiques et sociales dans un lycée de Sète (Hérault).

Ce vendredi 13 octobre, à 11 heures, Mohammed Mogouchkov, ancien élève du lycée Gambetta d’Arras (Pas-de-Calais), s’est rendu dans cet établissement, armé d’un couteau. Il y a tué un premier enseignant, Dominique Bernard, professeur de français particulièrement apprécié, blessé grièvement un second et touché un agent technique et un agent d’entretien. À la différence de l’agresseur de Samuel Paty, il est entré à l’intérieur même de l’établissement.

Pour répondre à cette émotion, le ministère de l’éducation nationale a annoncé la mise en place d’un dispositif national d’écoute et de soutien dans chaque académie, ainsi que le renforcement de la sécurité autour des établissements scolaires.

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Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, ne cache pas son émotion et se dit gagnée par l’effroi. « Trois ans après, on a encore un professeur qui est assassiné dans son établissement scolaire parce qu’il est professeur. Et c’est terrible. Je pense qu’il faut prendre la mesure de cette phrase. »

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« C’est indigne de voir, quelques heures après ce drame, les uns et les autres défiler sur les plateaux télé pour que leur petite boutique politique en tire profit », pointe Sophie Vénétitay. « Le respect dont la classe politique n’arrête pas de se gargariser doit effectivement être appliqué. Le débat public est consternant », renchérit Christine Guimonnet, professeure d’histoire-géographie dans un lycée de Pontoise (Val-d’Oise).

«Ce qu’on veut, c’est un peu de dignité et de décence », implore la co-secrétaire générale de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie. L’APHG a fondé le prix Samuel Paty en hommage à l’enseignant assassiné en octobre 2020, « un séisme dont on vit encore les répliques ».

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Même si l’heure est à l’émotion et au recueillement, plusieurs des enseignant·es ici interrogé·es se demandent comment éviter la répétition de ces drames. Outre Samuel Paty, Agnès Lassalle, une professeure d’espagnol à Saint-Jean-de-Luz, a été tuée en février à l’arme blanche par l’un de ses élèves, sans motivation terroriste.

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Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, rappelle qu’il faudra, « peut-être pas aujourd’hui », s’interroger sur les failles des renseignements et des services de police. « Qu’est-ce qui est mis en œuvre pour nous protéger mais surtout comment fait-on société loin des discours martiaux ? »

Sofiane s’inquiète quant à lui des débordements du débat public. Il craint qu’une forme de responsabilité collective soit imputée à ses élèves de confession musulmane. « On va devoir les accompagner alors qu’ils vont vivre une nouvelle séquence raciste et islamophobe. »


Cécile Hautefeuille, Valentine Oberti et Faïza Zerouala. Médiapart. Source (Extraits)


L’école publique est laïque… n’oublions jamais cela.

Probablement que si cette règle de vie en société était inflexible, certainement que ce genre d’événements dramatiques, n’arriveraient pas… Réfléchir un moment sur les atermoiements des différents gouvernements français devant le laisser faire de certains cultes. MC


3 réflexions sur “Sidération

    • Libres jugements 16/10/2023 / 11h59

      Bonjour Christine et merci pour ton commentaire.
      Un commentaire que je trouve à la fois symbolique certes, mais qui ne saurait Formuler à lui seul, toutes les préoccupations qui se cachent derrière ce triste événement qui a tendance à revenir un peu périodiquement et ce malgré les promesses de l’État de tout faire pour qu’il n’existe pas. Mais dans cette histoire qui a failli si ce n’est l’État lui-même.
      Amitiés
      Michel

  1. Bernard 16/10/2023 / 8h39

    Oui on reste sans voix devant l’impuissance de notre état. Devant cette barbarie.

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