… « confisquée » par les USA.
… Ce que ne voulait surtout pas le Général De Gaulle…
Face à la domination des matériels militaires américains, Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, rêve de faire accepter aux pays du Vieux Continent l’obligation d’accorder la priorité aux fabricants d’armements européens.
Et il a formulé ce vœu pieux — baptisé par réflexe anglomaniaque « Buy European Act » — devant les commissions de la Défense et des Affaires étrangères, réunies à huis clos à l’Assemblée. Au crédit de son ministère, où l’on chante ce résultat sur tous les tons, la France a battu des records en 2022, avec quelque 27 milliards d’euros d’exportations d’armes.
Mais un autre chiffre tempère cet enthousiasme. La même année, selon les estimations du ministère des Armées, les achats d’armes entre pays européens ont été plus que médiocres (à peine 2,5 %), alors que les ventes américaines explosaient.
Exemple parmi d’autres de cette suprématie : le 27 septembre, Prague a annoncé mettre 6,2 milliards d’euros sur la table pour acheter 24 appareils américains F-35 (formation des pilotes et autres personnels compris).
La République tchèque devient ainsi le onzième État européen à s’offrir cet avion de combat, malgré les malheurs qu’il connaît en « service après-vente ». À savoir : près de la moitié des F-35 de l’US Air Force sont actuellement cloués au sol pour divers problèmes techniques et des performances inférieures à celles prévues par contrat.
Lors de sa visite à Kiev, les 28 et 29 septembre, en compagnie d’une vingtaine d’industriels, Sébastien Le-cornu a participé à un forum de l’armement (160 entreprises représentées). « On va brancher les industriels français sur les besoins des armées ukrainiennes, explique l’un de ses conseillers, afin de conclure des partenariats locaux. » Des attachés militaires vont aller renforcer à Kiev l’ambassade de France, accompagnés d’un « attaché d’armement » qui s’intéressera à la coopération franco-ukrainienne de fabrication d’armes.
Aide américaine en sursis ?
Venu participer à ce forum, le président Zelensky s’est gardé de prévoir, en nombre d’années, la durée de la guerre. En revanche, il s’est déclaré favorable à la « création d’un grand centre militaire » de production et à un partenariat avec les industriels occidentaux. Lors de son séjour à Kiev, Sébastien Lecornu a eu la nette impression que les Ukrainiens s’attendaient à une diminution de l’aide militaire américaine, voire à son interruption.
De retour en France, un industriel français affirme, lui, que le président ukrainien, ses ministres et ses conseillers se préparent, pour 2025 — voire dès 2024 —, à un ralentissement ou à une fin de l’assistance militaire des États-Unis.
Si Donald Trump emporte la future élection présidentielle, c’est certain.
Dans le cas contraire, c’est seulement possible.
Claude Angeli. Le Canard Enchainé 05/10/2023