Droit des femmes

L’insidieux assèchement des subventions aux associations « aidants les femmes »…

On le sait, l’argent est le nerf de la guerre, et surtout de celle contre les violences faites aux femmes.

La Fondation des femmes, qui vise justement à aider les associations à trouver des financements, a publié un rapport pour dénoncer l’insuffisance des moyens alloués à ce sujet. Alors même qu’il s’agit de la « grande cause nationale » du second quinquennat de Macron.

Au total, l’État aura dépensé 184,4 millions d’euros en 2023, tandis qu’il faudrait entre 2,6 à 5,4 milliards d’euros pour faire reculer les violences sexistes et sexuelles, dénoncent Claire Guiraud et Alice Gayraud, les coautrices du rapport. Cette somme permettrait notamment de renforcer les dispositifs d’accueil pour les femmes victimes de violences, ainsi que les places d’hébergement spécialisées.

Conséquence de ce manque d’investissements, les associations de terrain, maillon central de la lutte contre les violences faites aux femmes, ne reçoivent pas suffisamment de financement, alors qu’elles ont beaucoup plus de travail depuis #MeToo.

Ainsi, les centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) ont géré 15 % de plus par an de demandes d’accueil de victimes de violences depuis 2019, sans que les subventions ne suivent. Certes, les subventions dè certaines assos ont augmenté (puisque les subventions globales ont été en hausse de 5,8 millions d’euros entre 2019 et 2022), mais toutes les structures ne sont pas logées à la même enseigne.

Ainsi, la ligne d’écoute « Viols Femmes Informations », qui a reçu 84 % d’appels supplémentaires, n’a obtenu que 15 % de plus de subventions. Le Collectif féministe contre le viol, qui gère ce numéro, ne perçoit ainsi que 62 centimes par personne écoutée.

Par ailleurs, la plupart de ces assos, qui effectuent de véritables missions de service public, ne fonctionneraient pas sans l’investissement de bénévoles; souligne le rapport.

C’est le cas de 83 % des structures de lutte contre les violences faites aux femmes en Île-de-France, d’après une enquête du centre Hubertine-Auclert. Et n’oublions pas que leurs salariées (il s’agit la plupart du temps de femmes) sont souvent précaires et mal rémunérées.

Autre obstacle, moins connu, le morcellement du financement.

Pour survivre, une association doit aller chercher de l’argent un peu partout, auprès de chaque collectivité publique : ainsi, une asso doit déposer en moyenne 15 demandes de financement par an. Soit un temps considérable pour réaliser ces dossiers de demande de subvention, temps pris sur celui qui devrait être consacré à l’aide aux victimes.


Laure Daussy. Charlie Hebdo.04/10/2023


2 réflexions sur “Droit des femmes

  1. Anonyme 09/10/2023 / 9h32

    Je ne vois pas en quoi l’argent ferait baisser les violences faites aux femmes, mais je vois très bien ce que ces associations en font. Il faut soit proposer des logements pour mettre les femmes à l’abri soit coffrer les hommes violents, c’est une question de services publics, police justice. L’état subventionne trop d’associations devenues insatiables dont l’action est souvent fumeuse.

    • Libres jugements 09/10/2023 / 11h08

      En premier, Je ne comprends pas pourquoi Bernard tes commentaires arrivent sous le titre « Anonyme ». Ce n’est hélas pas un cas unique et ceux qui liront ce texte veuillent bien m’en excuser j’ai cherché dans la nomenclature l’endroit où corriger cette erreur et j’ai peut-être trouver… a voir par la suite

      Pour répondre à ton commentaire Bernard, bien évidemment si l’État offrait un service public digne de ce nom, résolvant le problème des femmes molestées, obligées de trouver refuge rapidement dans des foyers mis à leur disposition en nombre correspondant au délitement hélas de la société actuelle, les associations n’auraient aucun lieu d’exister.
      Amitiés
      Michel

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