Peste cet herbicide !

Le prosulfocarbe visé par de nouvelles restrictions

Moins connu que le glyphosate, le prosulfocarbe pourrait pour tant devenir tout aussi controversé. Tout comme le glyphosate, « d’un point de vue toxicologique, la substance n’est pas classée comme cancérigène, mutagène et reprotoxique » (CMR), note l’Agence de sécurité sanitaire (Anses).

L’herbicide est toutefois classé « toxique aigu par voie orale ». Il est « loin d’être inoffensif » puisqu’il est classé comme « pouvant provoquer une allergie cutanée » et « nocif par ingestion », précise l’ONG Générations futures, qui lutte contre l’utilisation massive des pesticides dans l’agriculture.

Comme le note Le Monde, l ‘Anses explique ne pas avoir consulté les données européennes qui ont permis l’autorisation dans l’UE de cet herbicide en 2008 et qui ont abouti à un non-classement dans la catégorie CMR. Une nouvelle évaluation de la dangerosité de l’herbicide, avec une nouvelle méthodologie, est en cours. Problème : le prosulfocarbe est extrêmement volatil et peut aisément contaminer des cultures en agriculture biologique proches des champs où il est épandu. Si l’ Anses s’est penchée sur cet herbicide, c’est parce que l’agence avait été saisie après des dépassements de limites maximales de résidus sur des cultures non traitées directe­ment avec le prosulfocarbe.

Une distance de sécurité de dix mètres

Conclusion ? « L’ Anses ne peut pas exclure, pour une exposition par voie cutanée prin­cipalement, le dépassement des seuils de sécurité pour des enfants se trouvant à moins de 10 mètres de distance de la culture lors des traitements », a-t-elle indiqué mardi.

L’ Anses a donc décidé d’imposer de nouvelles conditions d’utilisation à partir du 1ᵉʳ novembre. Les agriculteurs devront utiliser du matériel permettant de réduire de 90 % la quantité de gouttelettes transportées hors de la zone traitée et respecter une distance de sécurité de 10 mètres avec les zones d’habitation, contre 5 mètres auparavant. Les doses maximales de prosulfocarbe autorisées à l’hectare ont parallèlement été réduites d’au moins 40 %.

L’ Anses a par ailleurs demandé aux entreprises concernées de faire la preuve de l’efficacité de ces nouvelles conditions d’utilisation sur la sécurité des riverains, avec notamment des études en conditions réelles. Si l’agence estime que ces études ne sont pas probantes, elle retirera les autorisations de mise sur le marché.

Tout en saluant les mesures proposées, l’ONG Générations futures demande comment leur mise en place sera contrôlée et si la distance de sécurité « suffira à faire diminuer suffisamment l’exposition des riverains ». Dans la mesure où les nouvelles études demandées par l’ Anses seront réalisées par les industriels eux-mêmes, « quelles garanties de leur impartialité pourrons-nous avoir ? », s’interroge aussi l’ONG.


Juliette Mitoyen. Le Dauphiné Libéré.05/10/2023


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