Contrainte éditorialiste…

… après la nomination du directeur au JDD appartenant à Bolloré ayant amené une fronde parmi ses journalistes, c’est au tour des journalistes des « Échos » de manifester leurs mécontentements après la nomination de François Vidal par le propriétaire Bernard Arnault du quotidien.

[…] Coup de tonnerre dans les couloirs feutrés du quotidien économique, où la bataille contre l’influence croissante de Bernard Arnault a démarré il y a six mois.

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L’uppercut qu’ont envoyé les journalistes à leur direction a de quoi sonner le plus adroit des dirigeants : jeudi 28 septembre, ils ont repoussé à 67 % (164 voix contre, 60 voix pour, 21 votes blancs ou abstentions) la proposition du conseil de surveillance de leur journal de confirmer la mission de l’actuel directeur de la rédaction. Le score monte à 73 % si on ne prend en compte que les suffrages exprimés.

Depuis, LVMH, le plus grand groupe de luxe français dirigé par Bernard Arnault, qui occupe solidement le podium des hommes les plus riches du monde, n’a pas prononcé un mot. « Pas de réaction », a confirmé la direction à Médiapart.

[…]

Le vote aurait pu être une formalité, « mais depuis quelques jours, on sentait que la possibilité du veto montait en puissance », décrit un journaliste. Le scrutin ne clôt donc pas, tant s’en faut, la crise entamée il y a six mois par l’éviction brutale de Nicolas Barré du poste de directeur de la rédaction. Un poste qu’il occupait depuis dix ans – sur le site officiel du groupe, il est d’ailleurs toujours présenté comme le patron.

Pour l’éjecter, LVMH s’est affranchi de l’esprit de l’accord d’indépendance qui avait été signé lorsqu’il a acquis le journal, en 2007. Là où le remplacement du directeur de la rédaction nécessite sur le papier l’accord du conseil de surveillance (où siègent trois administrateurs indépendants désignés en accord avec la SDJ, la société des journalistes), la direction s’en était passée, au motif que Nicolas Barré était simplement « appelé à occuper de nouvelles fonctions ».

Dans cette révocation, qui n’avait été précédée d’aucun coup de semonce visible, les journalistes du quotidien et leur SDJ combative ont aussitôt vu la main de Bernard Arnault, dont ils craignent l’interventionnisme.

Quelques articles publiés les semaines précédentes auraient en effet déplu dans les plus hautes sphères de LVMH : un article du site web relatant une décision de justice à propos de perquisitions du fisc dans le groupe de luxe, ou encore une recension bienveillante du livre d’Erik Orsenna très critique vis-à-vis de Vincent Bolloré, alors qu’on prêtait à Bernard Arnault l’intention de trouver un accord sur le rachat des groupes Lagardère et Editis avec l’autre grand fauve du capitalisme français.

Pierre Louette, à la tête du pôle rassemblant Les Échos et Le Parisien (autre propriété de LVMH), avait eu beau démentir un quelconque lien de cause à effet, il n’avait guère convaincu. D’autant que le 23 mars, c’est un communiqué signé de la main de Bernard Arnault lui-même qui avait officialisé la décision visant Nicolas Barré. Et que ce dernier avait déclaré la veille, lors d’une conférence de rédaction, que sa mission d’« assurer l’indépendance de la rédaction » s’était révélée être « un rôle parfois pesant, parfois difficile, parfois stressant ».

[…]

  • Et maintenant, quelle suite après ce coup de tonnerre ?
  • La direction a-t-elle un autre candidat à proposer ?
  • Quelle place occupera François Vidal à l’avenir ?
  • LVMH prendra-t-il position officiellement ?
  • Dans les couloirs du quotidien économique vendredi, en début d’après-midi, nul n’en savait rien.
  • La SDJ devrait convoquer une réunion au début de la semaine prochaine pour faire le point.

Dan Israel Médiapart. Source (Extraits)


Une réflexion sur “Contrainte éditorialiste…

  1. Bernard Dominik 04/10/2023 / 11h19

    La remise en ordre des médias a commencé en vue de futures élections ?

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