Ça math mal, à l’école

Le conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN), chargé d’ « apporter des éclairages pertinents en matière d’éducation », a souhaité étudier r« évolution récente des performances des élèves en compréhension des nombres, et particulièrement des fractions, à l’entrée en sixième ».

Bilan ? Zéro pointé ! Ou presque…

Affolé par les résultats de son enquête — menée auprès d’un échantillon représentatif de près de 6 000 élèves —, le CSEN a pondu une « note d’alerte » (20/9). L’instance consultative, constituée de 24 chercheurs et placée sous l’autorité du ministre de l’Éducation, a fait ses comptes : seuls 22 % des collégiens interrogés savent placer correctement la fraction % sur une ligne graduée de 0 à 5. Et seuls 6 % réussissent à placer la fraction 3/6 à la bonne position.

Autre preuve que quelque chose ne tourne pas rond : à la question « Combien y a-t-il de quarts d’heure dans 3/4 d’heure ? », la moitié seulement des élèves de sixième trouvent la réponse… Pour ne rien arranger, s’alarment les experts, « beaucoup d’élèves pensent que 0,8 + 1 fait 0,9 ou encore que 0,9 + 1 fait 1 ». Parce que ce n’est pas le cas ?

La racine carrée du mal

L’inquiétude des « sages » du conseil scientifique est d’autant plus vive qu’ils ne constatent « aucune évolution positive » dans les résultats collectés depuis 2020, date de leur première enquête annuelle. En conclusion, « le diagnostic est clair : pour bon nombre d’élèves, les nombres décimaux et surtout les fractions n’ont aucun sens ».

Pour certains adultes aussi… « Nous ne sommes pas surpris par cette note d’alerte, indique au « Canard » Claire Piolti-­Lamorthe, présidente de l’Association des professeurs de mathématiques de renseignement public. La question cruciale derrière, c’est celle de la formation des profs, qui n’est pas à la hauteur. Nous disposons de guides pour enseigner les fractions et les décimaux, mais, sans accompagnement humain pour nous aider à expliquer aux élèves ces concepts difficiles, cela ne suffit pas. »

Deux publications officielles récentes ont d’ailleurs pointé les lacunes du système français en matière d’accompagnement des profs. En juillet, le sénateur Gérard Longuet (LR) regrettait, dans un rapport d’information, que le temps moyen de formation continue des enseignants soit « significativement bas » et « bien inférieur par rapport au reste de la fonction publique », avec 2 jours annuels par prof du premier degré et 1,6 dans le second degré, contre 7,4 pour l’ensemble des autres ministères.

Quant aux magistrats de la Cour des comptes, ils déploraient, dans un document publié le 7 septembre, que les formations « demeurent encore trop souvent conçues et réalisées par des personnels sans formation spécifique ou bien dont la formation n’est elle-même pas réactualisée en lien avec les résultats de la recherche ».

S’il faut, en plus, être formé par des formateurs dignes de ce nom…


Clara Bamberger Le Canard Enchainé. 27/09/2023


Une réflexion sur “Ça math mal, à l’école

  1. Bernard Dominik 03/10/2023 / 10h53

    Plus qu’alarmant. C’est incroyable le nombre de personnes qui ne savent pas compter.

N'hésitez pas à commenter