… et pourquoi irrite-t-elle ?
Avec son allure de trentenaire, elle a intégré depuis peu le club des quinquas, bondissante dans ses baskets. Tout juste semble-t-elle un peu plus pressée qu’hier, un peu moins riante. […]
Sur le papier, zéro doute : Sophia Aram est un quasi-prototype sociologique. Fille d’immigrés (marocains), issue d’une famille modeste et nombreuse (quatrième d’une fratrie de six), qui a grandi dans une HLM de grande banlieue (Trappes).
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Elle dénonce inlassablement le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, le sexisme, le complotisme, les extrémismes politiques et religieux, le populisme, et tout ce qui, selon elle, nivelle la politique par le bas… Combats, a priori, raccords avec les marqueurs de gauche.
Pourtant, ces dernières années, une autre petite musique s’est mise à circuler, notamment sur les réseaux sociaux. Une musique qui susurre : « Sophia Aram est passée à droite »…
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D’abord, sans doute, à sa conception de la laïcité. Cette fille de musulmans, qui se proclame athée (tout comme son mari (1), issu d’une famille protestante, avec lequel elle a un fils auquel ils ont donné un prénom juif), ne transige jamais là-dessus : opposition viscérale aux signes religieux à l’école, « parce que les jeunes qui ne veulent pas en porter doivent pouvoir s’en dispenser sans sentir de pression. On a toute liberté de mettre ce qu’on veut au-dehors. D’ailleurs, si dans la rue, une fille avec un voile ou une abaya se fait insulter, je prends sa défense sans hésiter. Mais l’école, lieu où se forge l’émancipation, doit être sanctuarisée ».
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Valérie Lehoux. Télérama. Source (Courts extraits)
(1) Benoît Cambillard, co-auteur de tous ses textes.