Muselier et le Pape

En marge des festivités papales, Renaud Muselier (ex-LR), son patron, se retrouve dans le collimateur de sa propre administration, qui le soupçonne de prendre des libertés avec la loi sur la laïcité pour soutenir l’événement…

Le 23 juin, l’équipe de « Mu-muse » fait voter une enveloppe de 200 000 euros pour les Rencontres méditerranéennes, prévues du 17 au 24 septembre, avec la fameuse grande messe du pape en point d’orgue.

Organisateur des réjouissances, le diocèse de Marseille doit, de son propre aveu, sortir 1 bon million d’euros pour financer la venue de la star du Vatican. À l’époque, le déblocage de cette subvention passe relativement inaperçue ; la région oublie d’annoncer sa participation à la quête.

L’archevêché, de son côté, n’évoque que les futurs appels aux généreux donateurs. Mais, en apprenant, deux semaines plus tard, le nom de l’heureux bénéficiaire de la subside – une structure baptisée « Mar Yam » -, les services instructeurs de la région tiquent.

Il s’agit d’une association locale totalement inconnue, créée à peine un an plus tôt par un prêtre, Alexis Leproux, curé de Notre-Dame-du-Mont, chargé des relations méditerranéennes du diocèse de Marseille. Domiciliée au siège dudit diocèse, la belle Mar Yam ne dispose d’ « aucun moyen humain ». Elle a les reins moyennement solides : un budget de… 225 euros pour 2022, alimenté par « 15 cotisations » de fidèles.

La messe est dite

Pour finir, elle ne compte qu’« un seul membre de droit », l’archevêque de Marseille en personne, Jean-Marc Aveline. Une coquille vide un peu trop « cultuelle » au goût des contrôleurs, qui saisissent le service juridique de la région Sud — la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 interdisant en effet de subventionner un culte…

L’avis des juristes tombe le 11 juillet. Dans leur note, limpide, ils expliquent que les statuts de Mar Yam démontrent un objet « social, culturel, éducatif », mais aussi « spirituel ». Le site Internet de l’association est trop coloré à leurs yeux : ses liens renvoient systématiquement vers Vatican News. Mieux : les textes de Mar Yam prévoient qu’en cas de dissolution l’oseille finisse dans les caisses du diocèse ! Conclusion du service juridique : « Les risques d’illégalité d’un tel subventionnement sont très importants. »

Mais il en faut plus pour ébranler la foi du cabinet de Muselier. Dès la rentrée de septembre, comme si de rien n’était, ce dernier confirme qu’il compte verser ses 200 000 euros à l’association pilotée par l’archevêque de Marseille. Le vote d’une nouvelle délibération est programmé, à cet effet, le 26 octobre. Pour l’instant, aucun euro n’a été allongé.

Joint par « Le Canard », Mumuse tombe de l’autel : « Il y a un problème ? Je ne suis pas au courant. Je leur avais dit, au diocèse, que je ne pouvais pas leur verser à eux mais que, s’ils avaient une association, je le [ferais]. Pour moi, c’était parti tranquille. »

Mais c’est mal arrivé…


Christophe Nobili. Le Canard Enchainé. 20/09/2023


Une réflexion sur “Muselier et le Pape

  1. bernarddominik 25/09/2023 / 16h34

    Muselier prend les comptes de la région pour ses comptes personnels. Déjà il a fait un voyage en Israël aux frais des provençaux pour soit disant étudier le recyclage de l’eau, il est médecin (plutôt propriétaire de cliniques, il a guère soigné que son porte monnaie), il a fait voter des subventions à Israël, son budget communication atteint des sommets, et pour clore le tout il place son pognon à l’île Maurice dont il a acquis la nationalité . Pour moi c’est un bandit qui a profité de son nom, celui del’amiral Muselier héros de la résistance, pour se faire un siège doré dans le parti de Chirac et Sarkozy

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