Une connerie…

… en passant !

Avez-vous déjà entendu parler des Karen ?

Non, il ne s’agit pas de ce groupe ethnique persécuté par la junte birmane pendant des décennies. Né dans les pays anglo-saxons, ce nom désigne de manière péjorative une femme de plus de 40 ans, blanche, plutôt bourgeoise et toujours prompte à vouloir parler au patron pour se plaindre.

Depuis quelques années, des dizaines de vidéos de Karen essaiment sur la Toile : dans l’une des plus connues, on peut voir une femme accompagnée de son mari interpeller un homme d’origine hispanique qui venait de taguer le slogan « Black Lives Matter » sur sa propre maison.

Elle appelle la police pour le dénoncer. Selon elle, l’homme n’habiterait pas le quartier et vandaliserait une propriété — qui, après l’arrivée des policiers, s’avérera bien être la sienne.

La Karen en question ira d’ailleurs jusqu’à affirmer qu’elle connaît les « vrais locataires ».

Bilan de l’altercation ? La femme, PDG d’une entreprise de cosmétiques, a perdu un partenaire commercial, et son mari s’est fait licencier.

Vous l’aurez compris, dans les pays anglo-saxons, et particulièrement aux États-Unis, on ne rigole pas avec les Karen !

Flairant le bon filon et la promesse de millions de vues, des petits malins ont donc décidé de tourner de fausses vidéos : à l’aide d’une troupe d’acteurs, ils recréent des scènes typiques de la vie d’une Karen (par exemple : hurler sur un serveur qu’un steak est mal cuit, demander à voir le manager d’un supermarché parce qu’une promotion n’est pas passée en caisse…) afin d’exciter les internautes et ainsi augmenter leur potentiel de viralité — car qui dit vidéo virale dit petit billet à se faire.

La boucle d’Internet est bouclée : ce qui était à l’origine une blague s’est transformé en dénonciation du privilège blanc, puis en exutoire haineux teinté de misogynie… pour finir en business lucratif.


Lorraine Redaud. Charlie Hebdo.13/09/2023


Laisser un commentaire