Dans le fracas de leurs villages réduits par le séisme à ce qui ressemble à un amas ocre de pots de terre brisés, les rescapés du Haut-Atlas, ceux des faubourgs de Taroudant ou encore ceux des environs de Marrakech se soucient-ils des considérations diplomatiques ?
Non, évidemment non ! Et, si tant est qu’ils aient à s’en préoccuper, dans le désarroi, le dénuement et, souvent, le sentiment d’abandon qui est le leur, ce n’est pas, bien sûr, leur priorité. Mais, à pas loin de 3 000 morts et autant de blessés, c’est encore, apparemment, celle de leurs dirigeants. Lesquels persistent dans une sélection très restrictive des propositions d’aide internationale, qui, aux yeux d’une bonne partie du monde, semble plus dictée par la diplomatie du moment que par l’urgence de l’instant.
D’autant que l’on sait, et le Maroc en particulier, qui a connu d’autres tremblements de terre, combien une action le plus rapide possible a d’importance pour extraire des survivants des gravats en pareille circonstance.
Certes, au-delà de la souveraineté de ses décisions, d’une fierté patriotique et, surtout, de la très forte solidarité des Marocains, qui s’est immédiatement exprimée, le Maroc a des arguments dont plus d’un est recevable. A commencer par le souci d’éviter les embouteillages humanitaires, contreproductifs. En n’acceptant que les monarchies jugées les plus amies que sont l’Espagne, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Royaume-Uni, ce risque est écarté. Pourtant, réduire les offres d’aide, et pas seulement celle de la France, qui, pour des raisons de proximité, est la première à s’en offusquer, c’est aussi, du même coup, réduire l’aide elle-même. Et ce alors qu’au vu du nombre de morts et de blessés, qui risque encore d’augmenter, de l’ampleur des destructions et du grand dénuement dans lequel elles laissent les survivants, c’est en priver ceux qui en ont le plus besoin et ne manqueront pas de chercher des responsables à l’heure du bilan.
En dépit du quasi-m utisme royal de « M6 », qui était à Paris au moment du drame, des dénégations laborieuses de notre ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, et du porte-parole Olivier Véran, sur tout différend franco-marocain, les raisons du froid entre Rabat et Paris sont connues. Entre le rapprochement avec l’Algérie (qui donne des résultats plus que moyens), les revendications marocaines sur le Sahara occidental (ex-espagnol), l’affaire Pegasus, du nom du logiciel espion qu’auraient utilisé les services marocains pour écouter les Français, et une visite officielle de Macron au Maroc toujours annoncée mais jamais fixée, il y a certes quelques frictions.
Mais, si ce n’est pas rien diplomatiquement, vu du Haut-Atlas ou de n’importe lequel des villages ravagés, c’est plus qu’insignifiant. C’est dire qu’il s’agit de ne pas tout mélanger. Il y a un temps pour tout. Et celui du drame, même s’il nécessite de la diplomatie, est justement pour laisser momentanément de côté les problèmes qui fâchent et les egos froissés. Alors que la Libye, pays à la situation autrement plus compliquée, est à son tour frappée par une catastrophe, avec déjà plus de 10 000 disparus recensés, il n’est pas superflu de se le rappeler.
Erik Emptaz. Le Canard Enchainé 13/09/2023
C’est une réalité les habitants d’un pays dépendent de leurs gouvernants. Le Maroc rejette les républiques, c’est son choix, il faut le respecter. Aidons la Libye qui n’a pas ces préventions. L’aide n’est jamais innocente, et Momo 6 le sait parfaitement, respectons donc son choix.
J’aime le « Momo 6 ». Beau costard.
MC