L’ex-préfet…

… Lallement gaze les océans !

Didier Lallement, l’ex-préfet de police de Paris, le pulvérisateur de gaz, le taiseux du plomb de Notre-Dame, le repousseur en uniforme de la piétaille jaune et débraillée, le miroir incassable du pouvoir, a été récompensé et remercié pour sa loyauté. Il  est depuis octobre 2022 la tête et la casquette du Secrétariat général de la mer, une sorte de cabinet fantôme attaché à Matignon et à l’Élysée.

Après avoir régné sur l’intra-muros de Paris, il fait régner l’ordre sur les 11 millions de kilomètres carrés et les trilliards de mètres cubes de la zone économique exclusive (ZEE) de la France. Après avoir été le « préfet de la Seine », il est le « préfet de l’Océan ».

Au mois de mai, il assistait à une réunion du Conseil national de la mer et des littoraux (CNML). Didier Lallement, comme toujours, s’est tu. Il a des prédispositions pour être le porte-parole de la grande muette, et il a laissé Hervé Berville, le secrétaire d’État chargé de la Mer, adouber une proposition d’action contre les décharges sous-marines de munitions et les épaves pleines de matières dangereuses.

Peu après, il a en douce fait sauter de la future stratégie nationale mer et littoral (SNML) cette recommandation considérée comme sulfureuse et glissante de l’association Robin des Bois. La stratégie ne serait « pas le cadre adapté aux sujets militaires ». Et ce malgré l’engagement 94 du Grenelle de la mer, en juillet 2009, de consolider l’inventaire des décharges sous-marines de munitions chimiques, d’en apprécier la dangerosité et d’établir des priorités pour réaliser des analyses sur la faune et la flore et les sédiments ; malgré les « plans d’action pour le milieu marin » de 2012, engagés en application d’une directive européenne et qui s’étendent de la mer du Nord à la Méditerranée ; malgré la résolution du Parlement européen d’avril 2021 appelant la Commission à mobiliser toutes les compétences pour localiser les zones sous-marines contaminées par les munitions et à proposer des solutions d’enlèvement ou de neutralisation des substances dangereuses pour la sécurité maritime et l’environnement.

Le Secrétariat général de la mer de Lallement redonne un tour de verrou fin août dans le journal Le Parisien : les informations concernant les décharges sous-marines de munitions et les épaves n’ont pas vocation à être rendues publiques.

Il n’y aura jamais de trêve pour les déchets des guerres

On n’en saura donc pas plus pour le moment sur les effets délétères et différés des munitions chimiques déversées entre 1920 et 1930 dans la fosse des Casquets, au large de Cherbourg, auxquelles, au fil du temps, se sont ajoutées 17 000 tonnes de déchets radioactifs et des épaves de cargos ou de conteneurs contenant des insecticides et autres matières dangereuses.

Ni sur les immersions par l’US Navy, en 1946, de bombes au gaz moutarde et à l’arsenic, au large de Saint-Raphaël (83). Ni sur le sabordage, entre 1946 et 1949, au large de la Bretagne, de 12 cargos bourrés de munitions chimiques. Ni sur l’immersion de 100 000 grenades et autres munitions chimiques de fabrication allemande, entre 1960 et 1972.

En plus des munitions chimiques, il y a aussi dans les eaux côtières de la France métropolitaine au moins 81 décharges sous-marines de munitions conventionnelles et incendiaires à base de TNT et de phosphore.

À l’occasion des tempêtes, cette armada persiste à envoyer sur les plages et les rochers des obus et des grenades fumantes. Au fur et à mesure de la corrosion des enveloppes métalliques, ils diffusent dans les sédiments marins et la colonne d’eau des métabolites toxiques. Ils agissent goutte à goutte, à la manière des pesticides terrestres, et diffusent des résidus cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques nuisibles pour les organismes marins.

En mer du Nord, dans la Manche, l’Atlantique et la Méditerranée, comme en mer Noire et dans l’océan mondial, il n’y aura jamais de trêve pour les déchets des guerres. Aux armes, citoyens !

La stratégie nationale mer et littoral est en consultation publique jusqu’au 27 octobre (1), c’est le moment de demander la levée d’un prétendu secret-défense.


Jacky Bonnemains. Charlie Hebdo. 06/09/2023


  1. mer.gouv.fr/donnez-votre-avis-sur-la strategie-nationale-mer-et-littoral

3 réflexions sur “L’ex-préfet…

  1. bernarddominik 10/09/2023 / 12h38

    Oui tout à fait d’accord avec Christine ils sont fous. Il faut supprimer le secret défense sur ces décharges sauvages

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